Elle vient de finir son livre. Il l'a accompagné partout, le soir avant de s'endormir, dans le TGV et maintenant dans le métro. Elle l'avait déjà lu mais a pris plaisir à le retrouver. Mais voilà, maintenant, elle ne sait qu'en faire. Il est un peu volumineux et prend trop de place dans son sac. Elle ne veut pas le jeter et décide alors de l'abandonner.
Elle attend sa rame sur le quai. Elle le pose sur le siège vide à côté d'elle. Elle le pousse et l'écarte un peu pour qu'on ne croit pas qu'il est à elle. Déjà elle le renie.
Les gens se lèvent. Elle aussi. Le livre reste là. Alors qu'elle attend la fermeture des portes, elle voit une femme ralentir, le regarder et repartir. Elle est sur le point d'aller le récupérer et puis les portes se referment. La rame s'ébranlei. Elle ne le quitte pas des yeux, là-bas, petit point bleu qui diminue sur le siège orange. Elle est un peu mal à l'aise. Elle a l'impression d'abandonner un ami et de le laisser tomber parce qu'il ne sert plus à rien. Et puis elle se secoue et se dit qu'il fera le bonheur d'un autre lecteur.
Ce billet vous a plu ? Pour être averti automatiquement à chaque nouvelle diffusion sur le blog, inscrivez-vous à la newsletter