dimanche 1 mai 2016

Albert, le Blackberry malapris








 
Au début il était tout petit et puis, il a grandi, beaucoup grandi.
Et Albert le Blackberry est alors devenu un malappris
qui s’attablait pour déjeuner sans y être invité.

On ne pouvait plus penser
on ne pouvait plus parler :
on était connecté.

Je me suis révoltée
mais tu n’as pas compris.
C’était, m’as-tu dit, du parti-pris.

Tu m’écoutais, tu disais,
mais distrait et en retrait.
Il me fallait souvent répéter :
iI y avait des résultats à consulter,
des mails urgents à regarder.
C’était décourageant
car tapi au fond de ta poche,
Albert faisait la mouche du coche.

On ne pouvait plus parler
on ne pouvait plus penser :
on était connecté.

Je me suis révoltée,
et tu as enfin compris
que je me sentais trahie et envahie.

Tu as réagi :
Albert le Blackberry malappris,
s'est transformé en un valet stylé,
ce n'est plus un ennemi à annihiler,
c'est un bel esprit en périphérie
mais nous n’y sommes plus assujettis.
Pendant le déjeuner il reste dans l’entrée,
nous ne sommes plus connectés
et le monde continue de tourner.
On peut à nouveau penser,
on peut à nouveau parler.

Si vous vous sentez parfois
la bouffonne des iPhone,
faites comme moi,
ne vous mettez pas au garde-à-vous
mais révoltez-vous.
Restez connecté,
mais n'oubliez pas de penser, 
n'oubliez pas de parler,
n'oubliez pas d'aimer.


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