lundi 19 décembre 2011

Hambourg sous la neige.

 

Décembre 2010

 

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Elle est venue dans la ville pour quelques jours. Il neige à gros flocons et c'est magique. Le sol est blanc, le toit des cahuttes de Noël est blanc, les sapins sont blancs, de la vraie neige bien poudreuse, pas sortie d'un spray. 

 Chants de Noël au coin des rues. Les notes se mêlent à l’air glacé et vaporeux. Pour une fois, on supporte bien ces ritournelles reprises chaque année, sans se lasser. La musique à flonflon est transformée et devient presque agréable à l'oreille. On se surprend à écouter avec attendrissement cet accordéoniste de rue qui massacre Mon beau sapin

 De petits marchés de Noël sur toutes les places, du kitsch et du moins kitsch, des articles venus de Chine mais aussi de vrais artisans avec quelques trouvailles qui feront des petits cadeaux inattendus. Ici, sur la place du Rathauss, une petite maisonnette où l'on entre au compte-gouttes : à l'intérieur de féériques décorations de Noël, brillantes et fragiles. Elle craque pour quatre déco bleues et blanches, juste celles qui lui manquaient. 

 Les parfums aussi se mélangent : la cannelle du vin chaud, l'odeur doucereuse des bougies à la lavande ou au miel, des effluves de friture, de crêpes... tiens, pas de tartiflette ici. 

 Du monde à tous les stands. Elle finit par acheter des marrons chauds qui ont l'unique mérite... d'être chaud. Pour ne pas mourir étouffée, elle commande à boire. Elle préfère s'abstenir et laisser à d'autres les mélanges inconnus qui tournent sans arrêt dans les appareils automatiques. L'un est doré avec une pellicule orange qui flotte à la surface... Elle ne saura jamais ce que c'est, car avec son allemand rudimentaire elle renonce à demander. Elle prend un capuccino. La serveuse a un gilet tyrolien et ressemble avec ses fausses nattes à une Heidi un peu triste qui aurait trop grandi.


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La rivière est à moitié gelée et des mouettes sont posées sur des blocs de glace. 

Elle rentre à l'hôtel, il neige toujours et des bruits de pelle familiers se font entendre. Sa fenêtre de chambre, est à hauteur de la cime d'un immense sapin. A côté, celui de quelques mètres qui a été enguirlandé de lumière, parait tout petit. La placette est un camaïeu de blanc. Oui, c'est possible un camaïeu de blanc, venez ici et elle vous montrera : le sapin enguirlandé, son grand frère au naturel, les trottoirs, la route et ses deux voies tracées bien nettement dans la neige, la vitrine toute blanche du magasin de luxe d'en face, et même l'immeuble du magasin en pierres blanches. 

 C'est joli. 

 Mais c'est fini, il ne neige plus, ces instants sont passés, la magie est partie et le gris va bientôt refaire surface.

 

Le lendemain 

 La neige est toujours là et le soir elle retourne à son marché de Noël préféré. Ils ferment plus tard qu'en France. De nuit c'est encore plus magique. Ici tout est en bois et il n'y a pas de lampes de couleurs, pas de bleus et de rouges agressifs, mais du blanc et le vert des sapins coupés. C'est le rendez-vous des hambourgeois qui viennent boire et dîner là. Chaque point qui vend du vin chaud rassemble quelquefois 100, 150 personnes. Toutes les cahuttes ont le même système : on paie la boisson qui est servie dans une tasse en céramique avec décoration de Noël. La tasse est consignée et comme tous les stands ont les mêmes, on peut la rendre n'importe où et se faire rembourser. Simple, agréable et écologique. Elle découvre  encore d'autres artisans uniques. Cela lui fait penser à Montbéliard et aux marchés de Noël de l'est de la France. Ce n'a pas l'air spécialement touristique, mais elle ne trompe peut-être. Après elle ne traîne pas trop et rentre un peu frigorifiée à son l'hôtel tout près. Il fait - 5°C, le froid est mordant ce qui n'incite pas à faire beaucoup de shopping.


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jeudi 15 décembre 2011

Un autre lièvre...

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Une pluie froide tombe sans arrêt. Elle part quand même courir. Le temps n'est guère engageant mais la température n'est pas si basse qu'il ne semble. L'eau de la rivière est trouble et opaque. On n'y distingue plus les truites comme il y a quelques semaines.

Cette fois-ci, elle l'a entendu arriver. Un pas lourd et ferme. Il la dépasse sans effort d'une foulée énergique. Lui court tête nue, sans gants et en short. Il a les jambes bronzées. Mais d'où revient-il ce lièvre-là pour être bronzé comme cela ? D'îles lointaines où il est allé s'entraîner ? Ses jambes sont musclées et fortes comme ceux qui font du trail pour s'amuser et avalent 1000m de dénivelé sans effort. Contrairement à son lièvre-gazelle de la fois dernière, celui-ci est puissant et compact. Mais lui aussi court vite, vite, et s'éloigne rapidement.

 Vexée d'être toujours laissée sur place et lassée de son allure de sénateur, elle accélère un peu... pff pfff ! C'est dur. Heureusement un lacet défait lui permet d'avoir un prétexte pour faire une pause. Sa sortie est presque terminé. Il pleut toujours. Une dernière volée de marches et elle est arrivée.

Elle est mouillée mais contente. On se sent toujours bien après l'effort. Et puis plus tard, il y aura forcément un moment où elle pourra se la jouer un peu, parfaire son image de sportive intrépide et laisser tomber négligemment : « Ah, oui, c'est vrai, il pleuvait ce matin. Tu sais, je n'ai pas fait très attention, moi, je sors par tous les temps. »


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lundi 12 décembre 2011

Intouchables, en plein dans le mille !

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Il parait qu'Intouchables n'est pas politiquement correct. Le film qui fait un tabac en France est épinglé aux US comme raciste ! Sensibilité différente de deux peuples ayant un passé différent. Cela sent très fort la mauvaise conscience. Il semble que les US aient du mal à oublier leur passé d'esclavagiste et interprètent des situations où nous, Français n'ayant pas le même passé, ne voyons rien de mal. Comme le disait un chroniqueur, dans le film, ce qui déplaît de l'autre côté de l'océan est qu'Omar Sy soit en situation de servilité. En fait s'il était chef de gang ou en position de commander, pas de problème. Mais son rôle est celui d'un domestique « grosso modo, le personnage d'Omar Sy y est perçu tel un singe de compagnie qui n'a pour seul attribution que de divertir l'homme blanc » (cf ce lien) Les US préfèrent un autre film La couleur des sentiments qui traite de la condition noire du personnel de maison dans les années 60 dans le Mississipi. Il a un énorme succès aux US, c'est un joli film mais il est pourtant plein de clichés et un peu manichéen.

Certes, sans aucun doute, cette rencontre entre deux exclus est féroce parfois. Il suffit de penser à la réplique « Pas de bras, pas de chocolat » pour en être persuadé. On peut aussi être partagé sur le fait de savoir si c'est un bon film ou pas (lire la critique impitoyable de Libération 14 novembre 2011). Mais raciste, surement pas ! 

On n'ose penser à la réaction des bien pensants si Les aventures de Rabbi Jacob sortaient aujourd'hui. Ce serait l'émeute. Alors impossible de résister au petit plaisir de rapporter le dialogue hilarant entre Pivert (Louis de Funès) et son chauffeur :

Pivert : Vous avez vu la mariée ?
Le policier : Oui.
Pivert : Elle est noire ! Elle est même pas café-au-lait, elle est noire. Et lui, il est blanc.

...

Pivert : Vous avez vu Salomon, ils ont des voitures maintenant ! Héhéhé, ils ont des Rolls Blanches, les noirs !
Salomon : En tout cas c'est pas à Monsieur que ça risquerait d'arriver...
Pivert : Quoi donc ?
Salomon : Que Mademoiselle épouse un noir !
Pivert : Qu'est-ce que ça veut dire ça ?
Salomon : Que Monsieur est peut-être un peu raciste !
Pivert : Raciste ? Moi, raciste ? Salomon ! Raciste ? Enfin Dieu merci, Antoinette épouse un français bien blanc, bien blanc ! Il est même un peu pâlot, vous ne trouvez pas ? Avec ses p'tits boutons...
Salomon : Et son cheveu sur la langue.
Pivert : Il a un cheveu, mais il est riche ! Riche comme moi et catholique comme tout le monde !
Salomon : Pas comme tout le monde, Monsieur, parce que moi, par exemple, je suis Juif.
Pivert : Vous êtes Juif ! Comment, Salomon, vous êtes Juif ? Salomon est Juif ! Oh !
Salomon : Et mon oncle Jacob qui arrive de New York, il est Rabbin !
Pivert : Mais il est pas Juif ?

Quel dommage, l'auto censure actuelle. Mais qu'on soit rassuré, business is toujours business. Les droits d'Intouchables seraient déjà achetés en vue d'un remake à l'américaine. Et qui donc tiendra le rôle d'Omar Sy ?


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lundi 5 décembre 2011

Le lièvre.

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Pfuiiit ! Elle ne l'avait pas entendu arriver. Il la dépasse sans effort. Elle a tout juste le temps d'apercevoir une masse de cheveux châtain, drus et épais.

Et il court vite, vite. Il a la foulée souple et élastique des jeunes hommes pour qui le sport se fait sans effort apparent. Elle cesse de penser à autre chose et le suit des yeux.

Et il court vite, vite. Sa silhouette en noir s'éloigne déjà. Fin et léger, il semble glisser sur ces chemins du bord de la rivière. 

Et il court vite, vite. Il a la cadence rythmée de ceux pour qui cet exercice est devenu si facile. Il a atteint le prochain pont. Elle le perd de vue. Mais elle est déjà arrivée. Cet inconnu lui a rendu sa course plus facile.

Ignorant l'aide qu'il lui a apporté, son lièvre élégant et gracieux continue à courir.

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samedi 3 décembre 2011

Le vide.

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Depuis plus de dix ans elle est dans une association. Au fil des années c'est devenue une grosse association qui prend de plus en plus de place dans sa vie, presque un mi-temps. Mais un jour elle décide de partir. Parce qu'il faut partir un jour, parce que tout marche bien maintenant et parce qu'elle est loin. Et elle part. 

Et alors c'est le vide. Vide dans sa vie tout d'un coup. Elle s'y attendait mais n'appréhendait pas son ampleur. L'association a petit à petit pris la place des enfants qui grandissaient, du mari qui était souvent loin et lui a ouvert des fenêtres sur la vie. Car elle n'a jamais travaillé. Une famille nombreuse, des déménagements fréquents, et la vie a choisi pour elle. Elle l'a laissé faire passivement, un non-choix en somme.

Devant ce vide elle pense à tous ceux qui ont eu leur choix forcé. Ceux qui se lèvent le matin et ont ce trou béant devant eux. Ceux dont le contrat ne sera pas renouvelé ou ceux qui n'en ont jamais eu. Ceux qui sont découragés car ils ne savent pas s'ils pourront payer le loyer ou les traites de la maison, ou la cantine du petit dernier. Un vide qui les empêche d'avoir une identité. Car on existe par ce que l'on fait, et pas toujours par ce que l'on est. On le sait déjà tout petit puisqu'une une des premières questions posée dans la cour de l'école est : « Ils font quoi tes parents ? ». 

Alors devant ce vide énorme qui risque de l'aspirer, elle se dit qu'elle a de la chance et elle lui tourne le dos pour repartir à grands pas vers d'autres horizons.


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