dimanche 28 octobre 2012

Promenade dans Munich.

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C’est le moment de l’automne où les roux l’ont largement emporté sur le vert. Les feuilles jonchent les trottoirs et un parfum bien spécifique de sous-bois monte du sol. Les feuilles crissent sous les pas et volent avec le vent. Ce subtil et parfait équilibre d’humidité et de température ne dure jamais très longtemps. Bientôt la pluie et la diligence des services municipaux feront place nette et ils achèveront de nous emporter vers la nudité glacée de l’hiver. Mais, aujourd’hui, à Munich, Il ne manque qu'un petit rayon de soleil pour que le tableau soit parfait.


Elle déambule dans les rues le nez en l’air. Elle aime regarder le gens, les maisons, les magasins. Alors elle marche un peu au hasard. Partout des petits parcs, placettes et des rues plantées d’arbres. Par une volonté délibérée et concertée, la ville a mis en place des réseaux d’espaces verts, a créé des biotopes* dans des corridors verts et sur les berges de l’Isar, le fleuve qui la traverse. Elle a développé aussi une ceinture verte et a relégué les gratte-ciel dans un quartier bien délimité. Tout cela fait partie d’un vaste plan à long terme pour faire de Munich une ville « durable » et cela lui donne un aspect très aérée et bucolique. 
Munich, une ville à la campagne ?


Ses pas la mènent dans un parc entouré de très hauts murs de briques rouges. A l’entrée, un pictogramme indique que c’est interdit aux vélos et aux chiens. Puis elle s’aperçoit qu’en fait, c’est un cimetière. Un petit cimetière urbain planté de très grands arbres. Les tombes petites et bien alignées à leur pied sont des chef d'œuvres miniatures d’art horticole. L’une d’elle attire son regard. Elle est encore plus élégante et nette que les autres. Pas d’ostentation, non, de la simplicité. Des objets en bois sont plantés, support de phrases pyrogravées. Elle ne comprend pas les mots mais elle imagine sans peine leur signification. On perçoit que la tombe a été plantée et soignée avec beaucoup d’amour et de larmes. Accrochée sur une croix, la photo d’une ravissante jeune femme sourit à l’objectif, pleine de vie et de confiance vers l’avenir. C’est triste et beau à la fois. 

Alors tout d'un coup elle a froid et s'aperçoit que le ciel est gris.

 

Elle rentre à l'hôtel en faisant attention aux vélos, très nombreux, qui roulent vite, très vite et qui, sûrs de leur droit, foncent sur la partie du trottoir qui leur est réservée.

 

 

      Munich, une aire compacte et verte


* milieu biologique déterminé offrant des conditions d'habitat stables à un ensemble d'espèces animales ou végétales


 


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vendredi 26 octobre 2012

Petit bonhomme vert, petit bonhomme rouge.

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Munich, un midi.

Ils sont au bord du trottoir et attendent pour traverser la rue. À côté d'eux, une jolie munichoise tient un chien en laisse. Elle attend, elle aussi. Le petit bonhomme est rouge.  Elle, il y a bien longtemps qu'elle n'y fait plus très attention. Depuis qu'il ne faut plus donner l'exemple, rouge ou vert, elle s'en moque et, s'il n'y a personne, hop ! elle traverse.
Seulement voilà, elle n'est pas en France.

Alors ils attendent sagement. Mais c'est une petite rue et il n'y a vraiment personne. C'est quand même bête d'attendre comme cela. Ils se décident et traversent. La jolie munichoise, poussée par leur insubordination, les imite.

« Tuuuuut ! » Un coup de klaxon désapprobateur les rappelle à l'ordre. L'automobiliste est très loin et ils sont presque sur l'autre trottoir lorsqu’il klaxonne. Mais il sait qu'ils ont enfreint la règle et le leur fait savoir. Rappel à l'obéissance et à la discipline. La jeune femme leur avoue qu'elle n'aurait jamais traversé s'ils ne l'avaient fait.

Le lendemain.

Même situation, mais pour traverser une grande artère, cette fois. Mari chéri traverse en courant alors que le petit bonhomme vient juste de passer au rouge. Elle, elle attend, tout comme le reste des passants. Quelques voitures passent. Il y a très peu de circulation. Le petit bonhomme est toujours au rouge. Mari chéri, assis de l'autre côté de la route, regarde, incrédule la scène : Il n'y a absolument aucune voiture à cent mètres de chaque côté mais la dizaine de piétons qui attend de chaque côté n'esquisse pas un geste pour traverser. Différence culturelle totale !

Dans l'après-midi, elle essaiera de se conformer à la règle. Mais de temps en temps, le naturel reparaissant au galop, elle fera des écarts de conduite. Et elle sentira alors nettement dans son dos le regard désapprobateur des passants.

 

 

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lundi 8 octobre 2012

L'homme à l'écharpe

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Quand il monte dans le wagon du métro, elle voit surtout une longue silhouette élégante et une écharpe bleue gris qui flotte au vent.

C'est une de ces écharpes que l'on porte juste pour ajouter une touche de raffinement à sa tenue. Pas de celles que l'on enroule autour du cou pour se protéger du froid. Non, ce n'est qu'un accessoire qu'il porte avec une grâce nonchalante. Elle semble être faite dans une matière si douce que juste la regarder est déjà une caresse sur la peau. De la soie ou du cachemire exotique venant de Chine ou de Mongolie, elle ne sait pas. Élégant jusqu'au bout de ses chaussures de luxe, au cuir souple et lustré, l'homme à l'écharpe s'est assis sur un strapontin et emplit l'espace. Installé comme dans un salon parisien, les jambes croisées, il s''est mis à lire.

Alors sans le connaître, et parce que cette élégance parfaite l'agace, elle décide qu'il est suffisant et arrogant. Avec ces préjugés qui nous assaillent parfois sans raison, elle le trouve imbu de sa personne et le rejette. 

Et puis une vieille dame, toute fripée et rapiécée, monte dans la rame. Il n'y a plus de place assise. Avec un sourire il se lève alors pour lui céder la sienne. Et il fracasse par ce simple geste attentionné, la tour des égoïstes dans laquelle elle l'avait déjà enfermé.

L'homme à l'écharpe descend à Miromesnil, quelques stations après. Elle le suit des yeux, haute silhouette à la démarche assurée, et s'excuse mentalement auprès de lui pour l'avoir mal jugé et rejeté sans le connaître.

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