Une goutte d'eau se forme à la commissure de la lèvre. Elle grossit, hésite et finalement commence une lente descente vers le menton. Prisonnière sur le fauteuil du dentiste, impuissante, la femme ne peut la chasser.
Elle la chatouille. Mais elle la distrait aussi des agissements du dentiste. Le frôlement de la goutte est insupportable, comme une petite mouche qui agiterait ses fines pattes sur la peau. Elle hésite à lever la main pour effacer l'importune. Elle risque de heurter le plateau et, dans l'espace encombré, de bousculer les instruments. La goutte atteint la ligne de la mâchoire et dévale gentiment le long de son cou. Une deuxième importune s'est formée sur la joue et suit le chemin de la première. Les frôlements deviennent infernaux mais elle résiste. Puis elle se décide. Et alors qu'elle va lever la main, les doigts du dentiste écrasent la deuxième importune et font cesser une partie de son tourment. Après l'aspersion glacée de l'hydropropulseur-éclabousseur, les doigts du dentiste sont doux et chauds sur la peau.
La première goutte s'est perdue dans le col de son pull de laine. Le tourment est terminé.
« Mordez ! » Ignorant des divagations de sa patiente, le dentiste continue son office. Distraite, elle ne l'entend pas. « Mordez ! » répète-t-il à nouveau.
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