Dimanche, dans la nuit, on change d'heure. On passe directement de l'été à l'hiver.
On vit une heure de plus alors ? Une heure gratuite ? Et pourquoi ne pas la mettre l'après-midi plutôt que la nuit, cette heure ? On pourrait la vivre réellement deux fois. L'occasion de mieux faire ce que nous avons déjà fait, ou de faire complètement autre chose, au choix. Oh, il faudrait en prendre soin de cette heure exceptionnellle. Imaginez un peu : on pourrait faire quelque chose de nouveau, de complètement inutile. On s'accorderait un petit plaisir gratuit, comme aller au parc regarder des enfants s'amuser ou discuter avec son voisin ou encore bailler aux corneilles en rêvassant. Ce ne serait pas grave puisque de toutes façons cette heure n'existe pas vraiment. Bien sûr les plus sérieux ou consciencieux en profiteraient probablement pour refaire ce qu'ils n'ont pas bien réussi, cette présentation qui n'est pas au point, ou finir un travail urgent ou encore sauver le monde. Mais ce serait une heure que l'on vivrait pleinement. Tandis que là, dans la nuit de dimanche, on ne saura même pas que pour une fois 1 = 1+1 puisque la majorité d'entre nous sera dans l'inconscience du sommeil. Il n'y a que les pauvres insomniaques qui devront égrener 60 minutes de plus cette nuit là.
Alors, faute de la vivre en direct, cette heure de plus, on la vit en différé. Dimanche matin, en nous réveillant, on se sentira tout drôle, quelque chose aura changé... oui la lumière ne sera pas la même. Et si on ne travaille pas ce jour-là, on restera paresseusement au lit une heure de plus... mmmm... quel plaisir, ne pas avoir besoin de se presser pour s'occuper des enfants ou préparer le déjeuner. Et puis le soir, on se dira « Tiens il n'est que 10h et j'ai déjà sommeil ?... Ah, oui, il est 11h en vrai » En vrai de quoi au fait ? Et on restera embrouillé quelques jours dans cet hiver qui est arrivé si vite.
Et l'année prochaine, fin mars cette heure supplémentaire dans notre vie disparaitra comme elle est venue, ce sera le l'heure d'été tout d'un coup.
Qu'est ce que le temps ? Marcel Aymé le dissèque pour vous dans deux nouvelles un peu oubliées mais fascinantes, La carte et Le décret. Voir aussi ou revoir C'était demain de Nicholas Meyer.
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