On les entend de loin. Le son déferle dans les oreilles. Ils sont placés à dessein là où des couloirs se croisent et s'entrecroisent et leur musique s'éparpille autour d'eux. Ils chantent et jouent du violon, du violoncelle et de la contrebasse. Elle les a déjà entendu et comme chaque fois, elle s'arrête un moment pour les écouter.
Enfant elle a lu la Comtesse de Ségur, elle a eu peur du Général Dourakine avec sa bedaine et ses terribles colères. Puis Michel Strogoff l'a fait voyager à travers la steppe vers Irkoutsk. Elle a tremblé pour lui et a détesté le traître Ogareff. Adolescente elle s'est plongé dans le monde de Dostoïevski et en a voulu au prince Mychhkin de L'Idiot d'être si naïf. Puis elle est tombé amoureuse du prince André de Guerre et Paix et le Docteur Jivago l'a fait pleurer.
Les sonorités étranges et rocailleuses de cette langue qu'elle ne comprend pas lui évoque une Russie inconnue et mystérieuse. C'est une Russie sauvage faite de moujiks fidèles et de passion. Elle sait que c'est une Russie d'Épinal qui n'existe pas et n'a jamais existée que dans son imagination de midinette. Elle le sait mais ces chants russes l'émeuvent quand même et éclaire pendant quelques instant les couloirs gris du métro.
Mais elle va être en retard, elle leur dépose une pièce, refuse leurs cd car les a déjà achetés et puis repart.
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