mardi 31 juillet 2012

Le déjeuner sur l'herbe

Le_Dejeuner_sur_l-Herbe.jpg

Bretagne sud, fin juillet, une scène surprise par hasard.

Assis sur un talus herbeux, ils sont alignés bien sagement tous les quatre et dévorent à pleines dents leurs sandwichs. 
À cent mètres, le très beau château médiéval de Suscinio magnifiquement restauré. Juste derrière eux, l’océan Atlantique tout proche. Mais les quatre pique-niqueurs ont préféré rester sur le parking. Ils se sont installés derrière le coffre ouvert de leur Scénic, tournant résolument le dos à la vue sur la mer. Assis juste derrière le pare-choc de leur voiture et royalement indifférents à beauté du site, ils continuent à déjeuner dans un bel ensemble, levant seulement de temps en temps les yeux pour tendre la main vers la bouteille d’eau.

 Nous ne sommes pas tous sensibles aux mêmes émotions et sommes tous différents. Mais certains sont vraiment très différents.

 

Ce billet vous a plu ? Pour être averti automatiquement à chaque nouvelle diffusion sur le blog, inscrivez vous à la Newsletter ! 

jeudi 26 juillet 2012

Osez bronzer idiot !

idiot.jpg

En ces temps d'efficacité maximum et de rentabilité exacerbée, profitez des vacances : ne faites rien et bullez au soleil sans mauvaise conscience. Oui, bullez sur la plage ou sur votre terrasse avec comme seule compagnie votre crème solaire ! Si vous lisez, lisez des livres sans intérêt et allez voir des films ineptes au cinéma. Laissez-vous aller sans complexes et osez enfin être un vacancier décérébré qui n'a d'autre ambition pendant les vacances que de lâcher prise et de passer ses cellules grises à l'essoreuse. Oubliez vos mails et smart phones, le patron qui vous ennuie, la courbe des ventes en zigzag et ce collègue agaçant. Et si vous voyez une affiche d’exposition, de musée, fuyez, fuyez loin et ne vous arrêtez que lorsque vous aurez trouvé une terrasse pour boire une bière avec d’autres débranchés. Si vous voulez voyager, consommez du surimi de tourisme, Ibiza ou autre où vous n'aurez pas d’états d’âmes pour la population locale. Pour la radio, évitez France Inter qui vous parle de Montaigne à midi justement pour vous éviter de bronzer idiot. 

À la rentrée, si vous avez suivi ces conseils judicieux, le corps reposé et le cerveau totalement lobotomisé, vous serez capables d’attaquer à nouveau l’année, d’avaler toutes les vilenies de la vie, le chômage à la porte, le CAC 40 incertain et les guerres qui n'en finissent jamais, les accumulant jusqu’à l’été prochain, époque où vous aurez le droit à nouveau d’être en rupture du quotidien et de devenir à nouveau un abîme de vacuité oisive.

Bonne vacances !

Ce billet vous a plu? Pour être averti automatiquement à chaque nouvelle diffusion sur le blog, inscrivez vous à la Newsletter !

dimanche 22 juillet 2012

Le tramway

tramway2.jpg

C'est dimanche et il est presque midi. Elle marche en solitaire dans la ville silencieuse. Mais sa ville, sa belle ville, est éventrée et exhibe des plaies béantes. Sous le soleil de juillet et dans les rues désertées par ses habitants, elle ressemble plus que jamais à un patient qu'un chirurgien négligent aurait abandonné sur la table d'opération. Les marteaux piqueurs et les pelleteuses ont été des scalpels impitoyables et les palissades, comme autant de champs opératoires, cachent mal ces déchirures. Ses entrailles ouvertes exposent avec impudeur de la ferraille et des tuyaux tordus.

Elle traverse la vieille ville. Elle sent l'âme de la cité qui palpite sous la pierre bleutée. Sa ville reprend des forces pour affronter demain les machines qui vont encore la retourner et l'ouvrir sans pitié.

Mais dans un an, dans deux ans, on ne sait, ses plaies cicatrisées, elle se redressera, orgueilleuse et fière à l'ombre de sa citadelle. Et elle aura oublié ce qui ne sera plus lointain souvenir parmi tant d'autres.

Simon Daval

Ce billet vous a plu? Pour être averti automatiquement à chaque nouvelle diffusion sur le blog, inscrivez vous à la Newsletter !

mardi 10 juillet 2012

L'accompagnatrice

champsaur-piolit2.jpg

Vendredi soir, le 6 juillet.
Il est presque minuit et ils arrivent à la chambre d'hôte à 1200m d'altitude, près de Gap dans les Hautes-Alpes. Il
 fait 12°. « Mais qu'est ce que je fais là ? » murmure-t-elle, tout bas afin que mari chéri ne l’entende pas. Douze ans de vie dans le Jura, en moyenne montagne, lui ont définitivement donné une allergie épidermique à la montagne en été. C’en est presque de l’autisme. Et la dernière fois qu’ils ont séjourné dans cet endroit, le temps était affreux, brouillard une partie de la journée avec 10° en plein été. Alors elle est venue en trainant les pieds et en ronchonnant, avec trois pulls dans la valise.

Mais elle venue. Son traître de mari lui a pris le pack d’accompagnatrice de trail car il s'est inscrit au Champsaurin, dimanche, un trail de 37 km avec 2500 mètres de dénivelé. Le trail, cette course à pieds sur sentiers, si éprouvante. On souffre, on dépasse ses limites, on se repose un peu et puis on recommence ! Et tous les trailers vous diront aussi que, ce faisant, ils voient des paysages magnifiques. Pour communier avec la nature, elle, elle préfère jouer au golf, mais le trailer de base a du mal à partager son point de vue. Voyez-vous, Ils ne jouent pas dans la même cour.

Le lendemain matin, encore au lit, en ouvrant les yeux, elle aperçoit un petit morceau de montagne qui se découpe sur le ciel bleu. Ah ! Le fourbe, il a tout prévu pour qu’elle soit obligée de sourire. Il fait même presque chaud au soleil. Ils partent alors faire une marche facile qui les entraîne à plus de 2000 mètres, vers un petit lac de montagne, ses abords herbeux avec de gros rochers plats. Ils repèrent plus de vingt espèces de fleurs différentes. C’est idyllique. Sa mauvaise foi ne peut résister : elle est conquise.

champsaur_fleur3.jpg

Le jour de la course, son statut d’accompagnatrice l’emmène au premier point de ravitaillement. Elle voit les premiers coureurs, gazelles au pied léger qui ont l’air de ne pas toucher le sol. Elle joue le jeu, applaudit tous ceux qui passent (plus spécialement son trailer), puis redescend à pied vers le village d’arrivée, à deux heures de marche. Elle admire le paysage magnifique, tout la vallée du Champsaur qui s’étale sous ses yeux.

Finalement elle attendra quatre heures son trailer dans ce petit village de montagne, dans une ambiance bon enfant et sans jamais s’ennuyer. Elle avait apporté magazine et livre mais ne les ouvrira pas. Elle s’émerveillera des performances, félicitera de parfaits inconnus, consolera un jeune d'un adandon suite à une blessure et admirera l’esprit d’entraide. Elle achètera aussi cinq kilos d’abricots pour faire des confitures. Et puis sur le chemin du retour, mari chéri lui décernera le titre de coach officiel car, pendant la course, elle aura su trouver les mots pour l’encourager lors d’une défaillance passagère.

Allez, il faut bien le dire, elle, la citadine, a passé un superbe week-end dans ce village de montagne de 600 habitants.

Le week-end prochain ? Son trailer se repose… et elle aussi. Accompagnatrice-coach, c’est épuisant !

Ce billet vous a plu? Pour être averti automatiquement à chaque nouvelle diffusion sur le blog, inscrivez vous à la Newsletter !

vendredi 6 juillet 2012

Apnée

 

 

apnee.jpg

 

 

Un papillon qui vole,

une petite bulle d'air,

une soudaine bouffée d'oxygène, 

quelque secondes la tête hors de l'eau

et puis tu replonges en apnée

vers tes dossiers,

 

étouffants,

exigeants,

passionnants. 

 

Papillon vole et continue son chemin...

 

 

 

 

 Ce billet vous a plu? Pour être averti automatiquement à chaque nouvelle diffusion sur le blog, inscrivez vous à la Newsletter !