mardi 10 juillet 2012

L'accompagnatrice

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Vendredi soir, le 6 juillet.
Il est presque minuit et ils arrivent à la chambre d'hôte à 1200m d'altitude, près de Gap dans les Hautes-Alpes. Il
 fait 12°. « Mais qu'est ce que je fais là ? » murmure-t-elle, tout bas afin que mari chéri ne l’entende pas. Douze ans de vie dans le Jura, en moyenne montagne, lui ont définitivement donné une allergie épidermique à la montagne en été. C’en est presque de l’autisme. Et la dernière fois qu’ils ont séjourné dans cet endroit, le temps était affreux, brouillard une partie de la journée avec 10° en plein été. Alors elle est venue en trainant les pieds et en ronchonnant, avec trois pulls dans la valise.

Mais elle venue. Son traître de mari lui a pris le pack d’accompagnatrice de trail car il s'est inscrit au Champsaurin, dimanche, un trail de 37 km avec 2500 mètres de dénivelé. Le trail, cette course à pieds sur sentiers, si éprouvante. On souffre, on dépasse ses limites, on se repose un peu et puis on recommence ! Et tous les trailers vous diront aussi que, ce faisant, ils voient des paysages magnifiques. Pour communier avec la nature, elle, elle préfère jouer au golf, mais le trailer de base a du mal à partager son point de vue. Voyez-vous, Ils ne jouent pas dans la même cour.

Le lendemain matin, encore au lit, en ouvrant les yeux, elle aperçoit un petit morceau de montagne qui se découpe sur le ciel bleu. Ah ! Le fourbe, il a tout prévu pour qu’elle soit obligée de sourire. Il fait même presque chaud au soleil. Ils partent alors faire une marche facile qui les entraîne à plus de 2000 mètres, vers un petit lac de montagne, ses abords herbeux avec de gros rochers plats. Ils repèrent plus de vingt espèces de fleurs différentes. C’est idyllique. Sa mauvaise foi ne peut résister : elle est conquise.

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Le jour de la course, son statut d’accompagnatrice l’emmène au premier point de ravitaillement. Elle voit les premiers coureurs, gazelles au pied léger qui ont l’air de ne pas toucher le sol. Elle joue le jeu, applaudit tous ceux qui passent (plus spécialement son trailer), puis redescend à pied vers le village d’arrivée, à deux heures de marche. Elle admire le paysage magnifique, tout la vallée du Champsaur qui s’étale sous ses yeux.

Finalement elle attendra quatre heures son trailer dans ce petit village de montagne, dans une ambiance bon enfant et sans jamais s’ennuyer. Elle avait apporté magazine et livre mais ne les ouvrira pas. Elle s’émerveillera des performances, félicitera de parfaits inconnus, consolera un jeune d'un adandon suite à une blessure et admirera l’esprit d’entraide. Elle achètera aussi cinq kilos d’abricots pour faire des confitures. Et puis sur le chemin du retour, mari chéri lui décernera le titre de coach officiel car, pendant la course, elle aura su trouver les mots pour l’encourager lors d’une défaillance passagère.

Allez, il faut bien le dire, elle, la citadine, a passé un superbe week-end dans ce village de montagne de 600 habitants.

Le week-end prochain ? Son trailer se repose… et elle aussi. Accompagnatrice-coach, c’est épuisant !

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2 commentaires:

  1. Comme quoi, avoir des a-prioris n'est pas bon pour le moral..Contente que, finalement, la nature a su t'envoûter...Tu te rends compte si ton trailer (contraire de traider ?) t'avait embarquée sur
    l'Everest...J'ai vu un reportage à la télé au 13h...Quelle épreuve, certains y laissent leur vie ...

    J'aime bien ta façon d'aborder ton revirement de pensée..

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  2. la plume de florence11 novembre 2015 à 21:23



    Merci Juliette pour tes commentaires et merci aussi d'avoir signalé mon blog à tes amis. On écrit pour soi mais finalement on est comme tout le monde, on adore être lue !



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