Elle ne voit tout d'abord du port que d’énormes containers qui bloquent la vue sur la mer. Auckland est un port marchand et un port de pêche. Mais ce sont aussi les bateaux à voile qui font sa renommée. Et pas n’importe lesquels. Ceux qui ont traversé les mers en relevant des défis impossibles. Oiseaux de légende qui peuplent les rêves d’adolescents en quête d’aventures et font soupirer d’envie les voileux de tous horizons.
Ils vont dîner dans un restaurant sur le port. Il fait bon et le Sauvignon blanc néo-zélandais se boit facilement. Sur le quai qui lui fait face, un immeuble de cinq étages. Derrière l’immeuble, on aperçoit le haut d’un gigantesque bateau de croisière, mouillé de l’autre côté. Palace des mers, faisant escale pour quelques temps en Nouvelle Zélande. Puis ils se promènent sur les quais. Tout un quartier du port a été réhabilité. C’est très beau. On sent l’endroit vivre et respirer avec la mer toute proche. Des concessions ont été faites au tourisme mais les bateaux sont omniprésents.
Ils marchent au hasard. Les différents quais et pontons ne sont pas privatisés et aucune porte grillagée et cadenassée ne bloque leur accès. Il règne une impression de calme et de sérénité. C’est le soir et l’activité de la journée est retombée. Ils peuvent alors admirer des voiliers tous plus beaux les uns que les autres. Un des pontons un peu à l’écart cumule à lui seul trois géants des mers faisant une cinquantaine de mètres chacun (oui, c’est vrai, elle a regardé les plaques). Le plus majestueux s’appelle Imagine. Elle se demande alors si ces monstres sortent de temps en temps ou restent ancrés là à faire le beau.
Un peu plus loin, deux monocoques, de plus ancienne facture, sont mouillés côte à côte. Ils paraissent alors tout petits mais font quand même une vingtaine de mètres chacun. Tout de teck et de bois verni, avec leur bout-dehors et leur silhouette aristocratique, ils tiennent la dragée haute aux monstres qu’ils côtoient.
Le lendemain la famille de la femme a programmé une sortie sur l’un de ces bateaux qui ont fait l’America’s Cup. Une petite brise est établie et la mer est presque plate. Elle va au bout de la jetée et les regarde sortir du port. L’endroit semble avoir été fait pour des gens comme elle, pour guetter les entrées et les sorties du port. Des fauteuils et des petits arbres en pots ont été arrangés pour former un coin agréable et ombragé. Une moquette de fausse herbe complète l’ensemble. Peut-être cela a-t-il été installé pour les arrivées de courses ? Elle rêve un peu puis apreçoit alors Imagine, qu’elle a admiré la veille, qui sort du port. De haut, il paraît encore plus grand, encore plus beau. Avec son pont en teck et sa coque bleu marine, il est monstrueusement élégant. Trois femmes discutent sur le pont pendant que des hommes d’équipage font la manœuvre. Elle aprend après qu'il se commande avec un Ipad. La grand voile est hissée, puis le génois, et il disparaît derrière une pointe.
Plus tard, elle voit un petit canot avec trois jeunes à bord rentrer au port. Elle les suit des yeux. L'homme de barre a une bière à la main. Leurs regards se croisent et il lui fait un signe amical de la main avec un sourire. Du haut du môle, la femme lui rend son sourire.
Il fait beau. La vie est belle.
Crédits photos : Marguerite et Pierre Legros
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