À Éric
Elle doit meubler sa maison sur son île, en Bretagne. Un jour, elle a un coup de foudre pour une jolie commode provençale du XVIIIe. Seulement voilà, sa maison n’existe encore que sur le papier et elle se demande où la stocker. Un ami leur propose de l’entreposer chez lui, non loin de leur île. Et elle y trône dans son entrée pendant deux ans. L’ami menace même de ne pas leur rendre car il trouve que le meuble y est à sa place.
Et puis un jour, c’est la catastrophe. Une banane est oubliée traîtreusement et à l’insu de tous par un enfant sur le plateau de la commode. La maison est fermée pour l’hiver et le fruit se dégrade sur place en y laissant une trace indélébile. Las ! L’acide a attaqué la laque délicate et l’a rongée jusqu’au cœur. L’ami est catastrophé. Elle aussi. Le dommage est irréparable. Il faut renvoyer le meuble à Paris car la restauration est délicate et doit être faite par un spécialiste. L’opération promet d’être onéreuse, très onéreuse.
L’ami en plaisantant propose de lui offrir un de ces faux fruits en verre qui imitent admirablement les vrais. Elle le posera à l’endroit de la catastrophe. Elle rit puis repense à son idée. Est-ce finalement si indispensable de réparer ? Sa commode a traversé le temps avec des griffures à droite et à gauche. Cela ne serait qu’une blessure de plus, témoin d’une vie bien remplie. Elle choisit donc de ne pas effacer la trace de la catastrophe et d’y poser le fruit en verre que lui trouvera son ami.
Et si on lui demande un jour « Mais que fait là cette banane ? », elle pourra répondre négligemment : « Oh ! C’est un ami qui l’a oubliée, ce n’est pas grave…» et ce sera son histoire secrète, le rappel d’une belle amitié, beaucoup plus solide et précieuse que la coupable banane et le dessus de sa commode.
Ce billet vous a plu ? Pour être averti automatiquement à chaque nouvelle diffusion sur le blog, inscrivez-vous à la newsletter
L'idée est tout simplement géniale! Mais l'histoire ne sera plus secrète....
RépondreSupprimer
RépondreSupprimerC'est juste mais tant pis, c'était trop beau pour ne pas le raconter !