mardi 31 mai 2011

Ça va mieux en le disant...

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Roland Garros encore et toujours.

Il vient de prerdre en trois sets contre l'un des rois du tennis. Il s'est bien battu mais il a perdu. Il a fait des fautes et l'autre, non. Mais il n'est pas encore sorti du court que le petit bouclé s'approche de lui un micro à la main. "Vous êtes déçu ?" Mais a-t-il déjà fait la moindre compétition pour poser une question aussi stupide ?! Ce joueur vient de perdre, de se faire battre par le n°3 mondial et de laisser passer l'occasion d'être enfin en demi-finale dans l'un des tournois les plus prestigieux du monde. Il rage intérieurement, il se déteste, se traite de tous les noms, mais il doit laisser apparaître un visage lisse, être politiquement correct, ne pas se laisser aller. Cela, il pourra le faire en privé, lorsque le petit bouclé aura lâché prise. Mais non, celui-ci veut absolument son morceau de chair fraîche, la petite phrase, il ne peut même pas lui laisser quelques minutes de répit. C'est l'instantané qu'il faut, le scoop : "Vous êtes déçu ?! " Franchement, à son avis ? Bien sûr qu'il est déçu !

Alors, quoi cela sert ? On sait très bien qu'il devra être présent à la conférence de presse obligatoire et qu'il répondra alors à toutes les questions. Ne peut-on le laisser quelques minutes pour digérer en paix cette défaite ?  Pfff ! Et si encore le petit bouclé avait autant de charme et d'humour que Jim Courier à Wimbledon... mais non ! Allez, quelques carrés de chocolat ne seront pas de trop pour calmer l'irritation qui l'habite.  

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lundi 30 mai 2011

Le contrat

Angoisse

Un soir, il est rentré de son travail et lui a dit : "on veut me faire partir". Alors pendant quelques jours, l'angoisse lui a tordu le ventre. Elle a pensé aux enfants, encore étudiants. Elle a pensé à la carte de crédit qu'elle tend si facilement dans les magasins. Elle a pensé à tout ce qu'elle entend autour d'elle, à l'ami qui n'a toujours pas retrouvé, à l'âge qui vient, aux lendemains sans plus de certitude... Cela ne devait arriver qu'aux autres.

Puis bien vite elle a été rassurée. Il avait déjà des contacts depuis plusieurs mois et un nouveau contrat a été rapidement signé. 

Mais elle essaie de ne pas oublier cette peur brutale qui l'a saisie. Il y des choses qu'il faut vivre pour comprendre. Elle ne l'a vécu qu'à peine quelques jours mais elle a entrevu l'effroi de ceux qui cherchent et pour qui l'avenir est une inquiétude quotidienne.


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samedi 28 mai 2011

Un samedi, dans le métro

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Ils surgirent tout d'un coup dans une explosion de bruits, de rires et de musique. Avant que le métro ne s'arrête, dans la rame qui approchait, on entendait déjà leur cacophonie. Ils sont montés à une dizaine, avec leur tam-tam, leur sirène électronique et leur entousiame débordant. Deux d'entre eux agitaient des drapeaux de fortune accrochés au bout d'un bâton puis les ont rangés par manque de place. Le premier moment de frayeur instinctive passée, les sourires se sont mis à fleurir sur tous les visages. La musique était folle, gai et entraînante. Ils ont alors commencé à danser et on a ouvert les fenêtres de la rame pour avoir de l'air. Une passagère, gagnée par leur entrain, s'est levée d'un strapontin pour faire de la place. Dans le groupe, une femme portait un bébé de quelques mois dans le dos. Il dormait comme un bienheureux, indifférent à l'assourdissant vacarme.

Pourquoi cette joie ? Un évènement sportif ? Une fête improvisée ? Elle ne sait pas et ne saura jamais. Elle a demandé avant de quitter la rame, mais dans le fracas ambiant, elle n'a pas compris la réponse. Elle est descendue et les a quittés, presque à regrets, les laissant avec leur tam-tam et cette joie si contagieuse qu'ils diffusaient autour d'eux. 

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jeudi 26 mai 2011

Roland Garros... la magie disparue ?

RG

Lundi 23 mai, deuxième journée du tournoi.

La foule est dense, rançon de la popularité du tournoi et de sa médiatisation exacerbée. Premier match : une petite française, empêtrée dans des problèmes familiaux. Par instant sa rage de vaincre refait surface mais elle est balayée en deux rapides petits sets. Les gradins sont clairsemés. Le rare public est maussade.

Puis c'est la numéro trois mondiale, russe, contre une espagnole écrasée par la puissance de frappe de son adversaire. Elle ne peut que contrer et de défendre mais elle sort aussi en deux petits sets sous la presque indifférence du public. L'amie qui l'accompagne pour la journée essaie de calmer sa frustration avec des sandwichs gastronomiques maison, mais elle baille et se demande ce qu'elle fait là. Un café acheté à prix d'or ne suffit pas à vaincre la torpeur qui l'envahit. Le marketing est partout. Les vendeurs des magasins de la marque sont courtois mais plus agressifs que l'année dernière, il y a de plus en plus de produits dérivés...

Elles entendent les clameurs des courts voisins mais elles n'y ont pas accès ou alors ils sont pris d'assaut.

C'est le tour du français, numéro neuf mondial. L'enceinte s'est peu à peu remplie. Elles reviennent au début du deuxième set ayant essayé les courts annexes et d'entraînement. Elle y a admiré le joueur autrichien du moment et la star montante canadienne, tout en jambes avec son short trop court. Sur le Lenglen, les spectateurs sont désespérés, car le français ne fait que des fautes et a déjà perdu le premier set. Le public est un peu amorphe, écrasé par la chaleur et le manque de feu du jeu. Son amie lui a offert un loukoum qu'elle a rapporté d'Istanbul. Dans son désoeuvrement désabusé, elle dévore le contenu de la boite sans s'en rendre dompte. Mais le français remonte au score et le public s'anime un peu. Un popolooop est lancé mais ne prend pas. Décidément la foule n'arrive pas à chauffer. Il manque l'étincelle. Le français gagne finalement en infligeant un sec 6/0 au dernier set.

Dernier simple, encore un français. Le court est complètement rempli. Elles ont pu négocier deux sièges plus bas que ceux du poulailler où elles étaient reléguées. Peu à peu le public s'anime. Notre français joue bien, de mieux en mieux. Les spectateurs s'agitent et commencent à se manifester. Mais malheureusement, il faut partir, le bus n'attendra pas. Le bruit de la foule en émoi les suit. Il a fallu attendre la fin de la journée pour que le public vibre et s'émeuve. Elles passent au portillon de sortie. Le système enregistre leur départ et peut remettre en vente leurs places pour les visiteurs du soir. Le français gagnera finalement  en ayant ravi ses spectateurs. Elles l'apprendront par leur smart phone.

De cette journée un peu frustrante, il reste un rayon de lumière. En quittant le stade et en refluant avec la foule aveugle vers la porte d'Auteuil, elle a soudain envie de faire l'école buissonnière. Alors qu'elles longent les serres, elle s'esquive avec son amie dans le square adjacent. Et là, surprise !... Indifférents au bruit et à la fureur qui les entourent, de calmes et paisibles parisiens lisent sur des bancs dans un jardin fleuri et inattendu. Çà et là des plaques en bronze avec quelques vers sont gravées. Elle peut y lire les noms d'Anna de Noailles, d'André Chénier et de Pierre de Ronsard, et il y en a surement beaucoup d'autres. 

En quittant le square pour retrouver le bruit et l'agitation, elle se retourne pour l'admirer une dernière fois et peut lire son nom : il s'appelle le square des poètes.

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mardi 24 mai 2011

Les cerises... mmm...

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On ne vous parle pas de la cerise vendue dès janvier dans de petites barquettes étriquées et avaricieuses de 250 gr. Celle-là vient du bout du monde et ne m'intéresse pas. Non, on pense à celle qui se vend sur nos marchés en ce moment et déborde des étals, rouge et brillante. Celle nous dit que l'été est à notre porte. Celle qui donne envie d'en voler une au passage, à qui vous ne pouvez résister, et se croque comme une gourmandise. Car on ne peut presque rien en faire, de la cerise, juste quelques clafoutis, elle se suffit à elle-même et se déguste sans chichis en rappelant le temps où nous nous faisions des boucles d'oreille et des concours de jets de noyaux.

La cerise n'est pas très sophistiquée. La meilleure est celle rapportée chez soi dans le sac en papier brun du primeur. Irrésistible, elle est croquée à même le sac et bien meilleure que sagement dégustée au dessert. Juteuse et sucrée, le joli fruit rouge éclate dans la bouche dans une volupté gourmande et donne l'impression de croquer la vie à peines dents.

Mmmm, que c'est bon !

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vendredi 20 mai 2011

Le lycée d'à côté.

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La femme les regarde du haut de sa fenêtre.

Le matin ils arrivent par grappes. Elle entend leurs cris et leurs rires. A l'étroit dans les murs du lycée, ils s'en échappent dès qu'ils le peuvent et, avec cet instinct grégaire propre aux ados, se regroupent pour refaire le monde. Ils partagent leur Iphone et font passer le temps, affalés sous un porche ou étalés sur l'asphalte. La femme les observe et se dit qu'ils ne sont pas bien délicats. Puis elle se rappelle qu'il n'y a pas si longtemps, avant que ses os ne commencent à grincer, elle aussi se moquait des sols durs et faisait la même chose. Elle sourit. Parfois en sortant de chez elle, elle essaie de franchir la barrière invisible qui les sépare. Un timide “bonjour“ de temps en temps, un “il fait beau“ lancé comme une main tendue. Souvent ils répondent. Ils sont bruyants et parfois vulgaires, ces ados tout juste sortis de l'enfance et ils lui font même un peu peur. Leur ballon atterrit souvent dans sa cour cassant ses tulipes. Mais elle les aime quand même, ces jeunes anonymes. Elle les aime parce que c'est une incorrigible optimiste, parce qu'ils sont la vie, et parce qu'ils sont l'avenir, tout inconnu soit-il.

Pendant les vacances scolaires, il lui semble que la rue est triste et vide. La femme les retrouve alors à la rentrée avec plaisir.



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