La femme les regarde du haut de sa fenêtre.
Le matin ils arrivent par grappes. Elle entend leurs cris et leurs rires. A l'étroit dans les murs du lycée, ils s'en échappent dès qu'ils le peuvent et, avec cet instinct grégaire propre aux ados, se regroupent pour refaire le monde. Ils partagent leur Iphone et font passer le temps, affalés sous un porche ou étalés sur l'asphalte. La femme les observe et se dit qu'ils ne sont pas bien délicats. Puis elle se rappelle qu'il n'y a pas si longtemps, avant que ses os ne commencent à grincer, elle aussi se moquait des sols durs et faisait la même chose. Elle sourit. Parfois en sortant de chez elle, elle essaie de franchir la barrière invisible qui les sépare. Un timide “bonjour“ de temps en temps, un “il fait beau“ lancé comme une main tendue. Souvent ils répondent. Ils sont bruyants et parfois vulgaires, ces ados tout juste sortis de l'enfance et ils lui font même un peu peur. Leur ballon atterrit souvent dans sa cour cassant ses tulipes. Mais elle les aime quand même, ces jeunes anonymes. Elle les aime parce que c'est une incorrigible optimiste, parce qu'ils sont la vie, et parce qu'ils sont l'avenir, tout inconnu soit-il.
Pendant les vacances scolaires, il lui semble que la rue est triste et vide. La femme les retrouve alors à la rentrée avec plaisir.
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