jeudi 26 mai 2011

Roland Garros... la magie disparue ?

RG

Lundi 23 mai, deuxième journée du tournoi.

La foule est dense, rançon de la popularité du tournoi et de sa médiatisation exacerbée. Premier match : une petite française, empêtrée dans des problèmes familiaux. Par instant sa rage de vaincre refait surface mais elle est balayée en deux rapides petits sets. Les gradins sont clairsemés. Le rare public est maussade.

Puis c'est la numéro trois mondiale, russe, contre une espagnole écrasée par la puissance de frappe de son adversaire. Elle ne peut que contrer et de défendre mais elle sort aussi en deux petits sets sous la presque indifférence du public. L'amie qui l'accompagne pour la journée essaie de calmer sa frustration avec des sandwichs gastronomiques maison, mais elle baille et se demande ce qu'elle fait là. Un café acheté à prix d'or ne suffit pas à vaincre la torpeur qui l'envahit. Le marketing est partout. Les vendeurs des magasins de la marque sont courtois mais plus agressifs que l'année dernière, il y a de plus en plus de produits dérivés...

Elles entendent les clameurs des courts voisins mais elles n'y ont pas accès ou alors ils sont pris d'assaut.

C'est le tour du français, numéro neuf mondial. L'enceinte s'est peu à peu remplie. Elles reviennent au début du deuxième set ayant essayé les courts annexes et d'entraînement. Elle y a admiré le joueur autrichien du moment et la star montante canadienne, tout en jambes avec son short trop court. Sur le Lenglen, les spectateurs sont désespérés, car le français ne fait que des fautes et a déjà perdu le premier set. Le public est un peu amorphe, écrasé par la chaleur et le manque de feu du jeu. Son amie lui a offert un loukoum qu'elle a rapporté d'Istanbul. Dans son désoeuvrement désabusé, elle dévore le contenu de la boite sans s'en rendre dompte. Mais le français remonte au score et le public s'anime un peu. Un popolooop est lancé mais ne prend pas. Décidément la foule n'arrive pas à chauffer. Il manque l'étincelle. Le français gagne finalement en infligeant un sec 6/0 au dernier set.

Dernier simple, encore un français. Le court est complètement rempli. Elles ont pu négocier deux sièges plus bas que ceux du poulailler où elles étaient reléguées. Peu à peu le public s'anime. Notre français joue bien, de mieux en mieux. Les spectateurs s'agitent et commencent à se manifester. Mais malheureusement, il faut partir, le bus n'attendra pas. Le bruit de la foule en émoi les suit. Il a fallu attendre la fin de la journée pour que le public vibre et s'émeuve. Elles passent au portillon de sortie. Le système enregistre leur départ et peut remettre en vente leurs places pour les visiteurs du soir. Le français gagnera finalement  en ayant ravi ses spectateurs. Elles l'apprendront par leur smart phone.

De cette journée un peu frustrante, il reste un rayon de lumière. En quittant le stade et en refluant avec la foule aveugle vers la porte d'Auteuil, elle a soudain envie de faire l'école buissonnière. Alors qu'elles longent les serres, elle s'esquive avec son amie dans le square adjacent. Et là, surprise !... Indifférents au bruit et à la fureur qui les entourent, de calmes et paisibles parisiens lisent sur des bancs dans un jardin fleuri et inattendu. Çà et là des plaques en bronze avec quelques vers sont gravées. Elle peut y lire les noms d'Anna de Noailles, d'André Chénier et de Pierre de Ronsard, et il y en a surement beaucoup d'autres. 

En quittant le square pour retrouver le bruit et l'agitation, elle se retourne pour l'admirer une dernière fois et peut lire son nom : il s'appelle le square des poètes.

Maurice_Careme.jpg


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2 commentaires:


  1. dis donc faut pas faire la blasée des courts là....j'aurais adoré être à Roland ce lundi car tu as oublié de parler de l'ambiance de ce tournoi en dehors du court...... parfois les + beaux matchs
    ne sont pas sur les grands terrains!....


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  2. la plume de florence11 novembre 2015 à 21:23



    Bon allez, bonne fille je t'accorde que les 10 heures de bus ont dû être un peu responsable de ma mauvaise humeur... mais blasée, non... j'y retourne l'année prochaine !



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