lundi 27 août 2012

Scène du métro

 

métro

Un samedi dans une rame bondée du métro, en fin d'après-midi.


Son arrêt est au bout de la ligne et elle a trouvé une place assise. Un siège se libère à côté d’elle. Une mère et son fils d'environ quatorze ans se faufilent. L'ado se précipite pour s'asseoir et fait la moue à la mère pour lui montrer qu'il a été plus rapide. Celle-ci se contente d'un strapontin. Le wagon remplit de plus en plus. La mère doit libérer le strapontin et reste debout. La femme l’observe du coin de l'œil. Elle a le petit air endimanché de la provinciale qui fait une sortie à Paris et il lui manque l'indifférence blasée et ce je-ne-sais-quoi qui ferait d'elle une parisienne.

Après quelques stations, la mère dit à son fils : « On va inverser et changer nos places bientôt ». L’affirmation, qui se voudrait un rappel autoritaire, est dite d'un ton mi-sévère, mi-suppliant. Elle tombe dans l’oreille d’un sourd. L'ado ne réagit pas et continue à lire son livre d’un air narquois. Il semble qu'ils n’en soient pas à leur première confrontation. Finalement après plusieurs stations, une place se libère en face de lui et la mère peut enfin s’asseoir.

Mais c'est bientôt leur arrêt. Stressée par la peur de ne pas pouvoir descendre à temps, la mère bouscule avec impatience et sans ménagement (et sans s'excuser), la femme pour descendre, annihilant ainsi le capital sympathie qu’elle venait d’engranger à son profit. 

 Troublée par cette scène, la femme est un peu triste. Elle se demande qui est le plus à blâmer ou à plaindre. L’ado rebelle à qui la mère n’a visiblement pas appris à faire attention aux autres ? Ou cette mère qui ne semblait pas très heureuse et qui se prépare, s’il est à l’image de ce que la femme vient de voir, un avenir difficile ? 
Elle soupire. Après tout, elle n'a peut-être pas décrypté la situation correctement. Peut-être que l'ado apprendra à regarder autour de lui. Peut-être qu'il deviendra un adulte aimant dont la mère sera fière. Et peut-être aussi qu'un jour les éléphants voleront. 

 


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2 commentaires:

  1. Mon fils ainé, celui que je viens de marier, cédait toujours sa place...Le 2e, le "faux parisien", pas sûr, sauf si une femme était enceinte...
    Je me demande à quoi on reconnait les vraies parisiennes..A leur élégance ? Je trouve que les provinciales ont aussi beaucoup de goût.....Et pis, au moins 80 % des parisiens viennent de la
    province..I

    ps : éducation, éducation, toujours l'éducation pour les mômes, qu'ils soient issus de la province, de Paris ou de banlieue..Bon, en banlieue, avec l'effet de bande, pas facile..

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  2. la plume de florence11 novembre 2015 à 21:23



    En fait, à vrai dire, c'est surtout à leur air un peu nerveux et inquiet que l'on reconnait les provinciaux. ils regardent autour d'eux, observent le plan de métro, ont un peu peur de rater leur
    arrêt et n'ont pas en général cet air blasé et indifférent des parisiens. Quant à cette dame, elle avait réellement l'air un peu endimanchée et comme elle s'est précipitée pour descendre, j'en ai
    tirée des conclusions... peut-être erronées, c'est vrai.


    Je suis une ex-parisienne deveunue provinciale et qui adore revenir à Paris pour retourner dans sa province après quelques temps à la capitale !



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