dimanche 31 juillet 2011

Lettre à ma tante du 31 juillet 2011

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Ma chère tante,

Comme promis, je t’écris pour te donner de nos nouvelles. 

 Nous sommes arrivées hier en Bretagne. 
Mari Chéri a été charmant du début du voyage jusqu’à la fin. Il a chargé la voiture avec bonne humeur et sans aucun commentaire. Pas de « il y a tout cela ! » non plus de « on a vraiment besoin de tous ces sacs ! » et pas non plus, le tant redouté « quand tu veux, chérie... » quand il est prêt, et moi, toujours pas. Non, sourire de bout en bout. Je l’en ai d’ailleurs remercié. Il a eu l’air surpris, presque vexé, même. Mais, ma petite tante, tu sais comme sont les hommes, on ne sait jamais comment ils vont réagir, on leur fait un compliment et ils en prennent ombrage.

 Albert, son BB, et Alphonse, mon petit Mac, se sont très bien comportés. Alphonse a dormi tout le voyage, et Albert a tenu compagnie à Mari Chéri comme il sait si bien le faire.

 Tu apprendras surement que nous avons ramené de notre voyage aux Amériques une petite Albertine, de son vrai nom, Ipad2. Nous préférons l’appeler Albertine, c’est plus joli. Mari Chéri n’était pas tout à fait d’accord au début pour agrandir la famille, mais, maintenant, il l’a complètement adoptée et joue souvent avec. Tu comprends, il monopolisait souvent Albert et surtout Alphonse et je me sentais parfois bien seule. Maintenant cela va un peu mieux. Tu verras, toi aussi, tu l’aimeras quand tu la verras.

 La maison que nous avons louée est parfaite. Elle s’appelle Les Flots bleus. Romantique et original, tu ne trouves pas ? Le soir de notre arrivée, nous sommes allés nous promener à la plage. Comme il faisait un peu frais, Mari Chéri a mis le joli pull marron et vert que tu lui a tricoté pour Noël. C’est une bonne idée d’avoir fait le col violet, cela égaie et cela fait jeune.

 Je suis contente qu'il prenne des vacances car les trois derniers mois ont été stressants et fatigants pour lui. Un peu de repos ne lui fera pas de mal, pauvre amour ! 

 Ma petite tante chérie, j’essaierai de t’écrire régulièrement mais la poste est loin et nous n’avons que deux bicyclettes comme moyen de locomotion. 

Je t’embrasse,

Ta nièce affectionnée

Florence


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jeudi 28 juillet 2011

Vroum, pouet, tuut... épisode suivant.

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Chers amis,

Vous avez suivi récemment le passage du permis de conduire d'un de nos blonds. Il n'en reste plus, sur nos quatre blonds et bruns, qu'un à ne pas avoir celui-ci. Il fait de la résistance et malgré 3P, un sponsor influent, il renâcle. 

Vous ne connaissez pas 3P ? Tsss... cherchez bien... allez, allez... vous y êtes ? Oui c'est cela, 3P : Payé Par Parents. Vous connaissiez déjà, n'est-ce-pas ?!

Donc, malgré un bac passé brillamment, une prépa non moins brillante et des études d'ingénieur qui lui permettront bientôt de maîtriser la mécanique des fluides et d'autres choses très compliquées, notre brun, car c'est un brun cette fois-ci, reste réfractaire au permis de conduire. Il faut toute la force de persuasion de son très puissant sponsor pour le motiver et qu'il obtienne son code enfin, au sixième essai (avec zéro faute, il est vrai). Il vous expliquera, si cela vous intéresse, et avec force arguments percutants, comment il fut totalement et absolument étranger à cette malchance qui le poursuivit.

Pour le passage de la conduite, la famille est forcément très inquiète et le sponsor commençe à donner des signes de lassitude. En outre l'enfant prodigue devrait bientôt partir au pays des kangourous et la partie n'était pas gagnée. 

Pour finir, notre brun, lassé des lazzi et des quolibets de ses frères et soeur (qui néanmoins l'aiment tendrement), se perfectionne en cachette et ne dit rien à personne quant à cet examen de conduite qui le stresse au plus haut point. Et puis un jour, bruns et blonds de la famille reçoivent un texto vengeur : sans erreur possible, c'est confirmé, il a décroché le sésamme vers les grands espaces. Le petit cachotier a passé sa conduite en douce sans le dire, afin ne pas subir la pression familiale.

C'est officiel, ils ont donc tous légalement le droit de conduire ma bombinette, ma petite décapotable, et je vais donc de ce pas en cacher vite les clés !

Chers amis, je vous souhaite de bonnes vacances, soyez prudents sur les routes et suivez mon conseil : méfiez-vous des conducteurs avec un A tout neuf à l'arrière, qu'ils soient bruns ou blonds !

A très bientôt...

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mercredi 27 juillet 2011

Son amie Marie

Marie       

 Marie rentre du travail. Elle ouvre le réfrigérateur et se demande ce qu'elle va faire pour dîner. Son réfrigérateur d'ailleurs est un mystère pour tout autre qu'elle. De multiples légumes aux couleurs et aux formes diverses s'y côtoient. Il y a aussi des boites emplies de mélanges parfumés et mystérieux. Sans savoir vraiment où elle va, Marie se lance alors dans la préparation du repas. Elle nous livrera une cuisine légère, fine et originale qui lui ressemble.

 Marie est une scientifique. Elle est allée à Berkeley University* et à Harvard**. Alors elle fait aussi la cuisine en scientifique. Elle lit Cook's illustrated, une revue où l'on fait des expériences et des recherches, comme ce qu'elle faisait il y a quelques années avec des petites drosophiles aux yeux à facettes. Dans ce magazine, on ne fait pas que vous donner des recettes, on en teste toutes les variations possibles ainsi que toutes les techniques de préparation. Vous savez tout sur le pourquoi et le comment. Et ça, cela plait bien à l'esprit analytique et scientifique de Marie.

 Marie habite avec son mari et ses deux enfants dans une impasse tranquille de Cambridge, à deux pas d'Harvard Square près de Boston. Sa maison est un mélange de kitch et d'ancien. Chez une toute autre personne, ce ne serait qu'une juxtaposition d'objets de multiples origines, un bric-à-brac sans intérêt. Mais elle a su donner à sa maison une âme et une individualité toute particulière. Et lorsqu'on arrive chez elle, on se sent bien et on n'a pas envie de repartir. 

 Marie est russe, française et américaine. Par une alchimie qui lui est propre, elle a su tirer le meilleur de ce mélange de cultures et s'en approprier leur richesse respective.

C'est son amie, c'est Marie.

 

*Californie - ** Massachusetts 

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Tout n'est pas perdu !

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Vu dans la vitrine d'un coiffeur du charmant petit port de Rockport, Massachusetts !

Pour ceux dont l'anglais est hésitant, cela veut dire : "Ici on répare les coupes maison."

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vendredi 22 juillet 2011

Museum of Fine Arts, Boston : scène de la vie pas ordinaire...

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Trois vieux papis tout vermoulus
Sur un très vieux banc tout moussu
Parlaient de la pluie et du temps.

Trois vieux papis
Trois papis papotaient
Papotaient pour se faire du vent.*

Sauf que là, ils ne parlent plus, ils... dorment ! 

Ils sont assis sur une longue banquette comme on en trouve dans les musées. À côté d'eux, un déambulatoire sur lequel est posée une canne. Le couple a la soixantaine largement dépassée et est en généreux surpoids. Lui, dort profondément, le menton reposant sur la poitrine. Elle, lutte contre le sommeil qui la gagne. De temps en temps elle relève la tête puis repique du nez. Dehors il fait très chaud, plus de 36°, 39° ressenti à cause de l'humidité. Dans le musée on a presque froid à cause de l'air conditionné qui marche à fond comme d'habitude.

Peut-être ont-ils choisi de faire halte ici pour  se reposer ? Ou peut-être se sont -ils assis pour admirer le tableau de Sargent juste en face et la fatigue les a surpris ? 

Elle ne sait pas mais elle quitte la salle sur la pointe des pieds pour ne pas les réveiller.


 

* Richard Gotainer - chants Zazous. 

 Illustration : Filles d'Edward Darley Boit de John Singer Sargent 

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mercredi 20 juillet 2011

Opéra en plein air à Hollywood Bowl

 

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Hollywood Bowl est un énorme amphithéâtre d'une capacité de plus de 17000 places construit dans les années 30. L'orchestre philharmonique de Los Angeles y a ses quartiers d'été. Les spectacles y sont très variés, jazz, rock, opéra... Mais c'est aussi un rendez-vous traditionnel  pour les angélinos et l'occasion pour eux de montrer leur amour pour les repas en plein air, art dans lequel ils excellent, il faut le reconnaître. 

L'opéra commence à 19h30 mais les spectateurs sont déjà là à partir de 18h. L'assistance est un mix de jeunes et de moins jeunes, on ne sent pas le caractère un peu froid et élitiste des publics d'opéra habituels. De fait, l'amphithéatre se transforme bientôt en un gigantesque pique-nique. Ils ont des places dans un box de quatre personnes. Moins de cinq minutes après être arrivés, hop, ils sont installés et deux petites tables portatives sont clipées astucieusement sur les côtés par un des jeunes qui sillonnent l'amphi. Le box est constitué de deux rangs de deux fauteuils en toile et le rang inférieur se retourne pour faire la dinette. Autour d'eux règne une effervescence organisée. Imaginez-vous des centaines de spectateurs qui pique-niquent à Bercy en attendant un spectacle ?! Même si on leur lance des petites piques de temps en temps, il faut reconnaître que les Américains sont cent coudées devant lorsqu'on parle de plein air. Beaucoup ont apporté des serviettes en tissu qui font office de nappe, derrière eux, le box a un vrai panier de pique-nique en osier, plus loin il y a même un bouquet de fleurs sur une table. Partout des verres et des bouteilles (en verre ce qui est interdit par contre si c'est un concert de rock). Ils ont du vin rouge et du fromage, mais petits joueurs, ils n'ont que des verres en plastique ! 

Et puis, chhhuuuut ! On annonce que dans cinq minutes le spectacle va commencer. En un clin d'oeil tout est rangé, les tables enlevées par les mêmes qui les ont posées, les fauteuils sont retournés et l'assistance silencieuse est prête à écouter.

Ce soir, on donne Turandot, opéra en trois actes de Puccini : Turandot, princesse chinoise, du genre mégère sanguinaire, fait décapiter à tour de bras ses prétendants jusqu'au jour où elle découvre l'amour et devient douce comme une colombe. L'orchestre est dirigé par Gustavo Dudamel. Pas de chance, le chanteur joue le prince a une laryngite ce soir (chanter en plein air a un prix !). Pas grave, elle n'est pas sûre qu'elle aurait entendu la différence. 

L'opéra commence, il fait encore jour et c'est grandiose, la musique s'élève vers le ciel et Turandot est magnifique. La soprane qui tint le rôle de la pauvre et jolie servante martyrisée (Turandot est vraiment une vraie g... , oups ! sorry, une méchante) est divine. Il y quelque chose de féérique à écouter dans nuit qui approche ces voix fabuleuses qui montent vers le ciel, à peine troublées par le bruit d'un hélicoptère et d'un avion. 

Le soleil décline sur les collines environnantes et c'est la fin de l'acte 2 : les bouteilles ressortent pendant l'entr'acte. Leurs voisins, avec qui ils ont un peu discuté tout à l'heure (les fromages, c'est du public relations, comme un autre), voient qu'elle a froid car les nuits sont fraiches parfois à LA. Ils lui proposent un sweat qu'ils ont en trop, et aussi un café tout chaud. Le vieux monsieur lui raconte comment il a repêché la chaussure de sa fille dans la Seine il y a vingt ans. Elle retrouve l'Amérique qu'elle aime, chaleureuse, ouverte et curieuse des autres cultures.

L'opèra se termine, l'adorable grand-mère qui lui a prêté le sweat, refuse catégoriquement de le reprendre. Elle n'insiste pas de peur de la blesser. La sortie de l'amphi se fait rapidement sans attente, car tout a été prévu pour la foule, des allées extra larges et des accès faciles.

Dans la nuit maintenant tombée, chacun regagne son parking. La police veille au bon ordre. Ils rentrent à pied car l'hôtel est à deux pas. 


 

Hollywood etoile

 

 

 

 

 

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dimanche 17 juillet 2011

Dans les vignobles de Santa Barbara

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Los Olivos, petite ville tranquille à deux heures de Santa Barbara, au nord de Los Angeles. Le centre ville est réduit presque essentiellement à une grande et large rue centrale qui la traverse. Les maisons sont basses avec des porches en bois. L’ensemble pourrait servir de décor des westerns des années soixante. Ses amis s’arrêtent dans un western store pour s’acheter des bottes : « Everything for you and your horse since 1932* ». L’équivalent des coopératives agricoles ou maritimes, le vrai magasin du ranchero. A tout moment, John Wayne ou Charles Bronson peut entrer et demander un mors pour son cheval ou un nouveau stetson. Elle y achète un livre de cuisine : « Cooking the cowboy way** ». Les américains ne savent pas cuisiner en général mais font les plus beaux livres de cuisine du monde. Il n’y a jamais beaucoup d’explications pour les recettes mais beaucoup de détails autour : quand, comment et pourquoi cette recette avec beaucoup de photos. Elle ne fera probablement pas celles-ci mais seulement le feuilleter la transporte dans l’ouest : elle sent la poussière des chemins et entend le piétinement du bétail…


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 Leurs pas les amènent sans le savoir vers une figure locale : « the garlic guy » , l’homme aux 57 variétés d’ail. Au milieu des pelouses tirées au cordeau et des porches clairs, sous un petit abri dans le fond d’un jardin un peu négligé, Paol Palmer vend ses têtes d’ail. Elles sont alignées dans des petites cases et ses variétés viennent de France, d'Espagne, d'Italie, de Chine, du Japon, de Russie, du Kazakhstan, d'Amérique du Sud et encore d’ailleurs. Il paraît qu’il fournit les chefs de toute la Californie. L’homme, en short et teeshirt délavé (qui contient à peine son ventre un peu, beaucoup, proéminent) insiste pour leur en faire goûter. Elle se défile mais lui achète trois petites têtes. La valise s’alourdit au fil des rencontres.


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 Ils terminent par des visites de vignobles, l’un très commercial et très organisé où le vin est bon et l’autre plus modeste mais beaucoup plus charmant où le vin est moins bon, disent les goûteurs. Ce dernier a un adorable petit jardin ombragé, sauvage et discipliné à la fois. Un groupe de jeunes doit montrer patte blanche car ici on ne badine pas avec la loi, en dessous de 21 ans, interdit de boire de l’alcool. Après vérification le beau gosse suspect a en fait 26 ans. En les observant (elle n’a rien à faire d’autre, car faire du taste-vin au milieu de l’après midi par 25° ne la tente pas), elle conclut qu’ils sont venus pour boire un coup plus que pour découvrir le vignoble.

 Le paysage du retour est grandiose (à l’aller elle devait dormir ?!). Passage d’un col à 3000 pieds*** et descente vers la vers la mer entre les collines vertes et ocres.

 

 

 

* Tout pour vous et votre cheval depuis 1932

** Cuisiner à la manière des cowboys 

*** 1000 m

(crédit photos : Lisa Young-Fraser)

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jeudi 14 juillet 2011

Immigration.

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Aéroport de Los Angelès, terminal international.

Trois avions venant d'Europe et d'Asie ont déversé ensemble leur cargaison de voyageurs. La très grande majorité sont des touristes. La foule non autochtone est aiguillée très fermement. L'efficacité anglo-saxonne est bien connue, et les latins qu'ils sont (désordonnés et resquilleurs) vont donc admirer ce sens de l'organisation qu'il leur est envié outre-atlantique. Une grande déception les attend et le mythe s'effrite. À leur grand étonnement, il règne une pagaille digne d'un jour de soldes aux Galeries Layettes. Ils se préparent donc à une longue attente. Les queues sont confuses et indistinctes, de temps en temps un employé ouvre une de ces files modulables et repositionnables et hop, cinquante personnes se ruent vers l'ouverture. Une grand-mère asiatique (1,50m avec talons) bouscule leur voisin (1,90m et 85kg) pour lui passer devant, suivie de sa bande. Celui-ci n'ose réagir : il aurait l'air d'une grosse brute. Alors il prend l'air blasé et condescendant du l'homme qui connaît cette routine par coeur. Un papa accompagné de deux jeunes enfants est extrait de leur agglomérat compact pour être prioritaire. Finalement le pauvre ne gagnera que quelques malheureuses places, étant coiffé au poteau par un groupe de vingt coréens sortis de nulle part. Une autre famille ayant un jeune enfant hurlant, épuisé par ce douze heures de vol et le manque de sommeil, aura plus de chance. Les employés ayant les oreilles sensibles, elle sera amenée directement devant un guichet de l'immigration. 

 Les voilà donc à attendre, troupeau docile de délinquants en puissance, que l'homme ou la femme à la casquette s'occupe de leur cas et vérifie s'ils ont bien rempli (et payé surtout) le formulaire ESTA, s'il ne viennent pas prendre le travail d'un bon américain tout gentil, s'ils ont bien des billets de retour et s'ils n'ont pas trafiqué leur passeport. Pour la première fois, elle doit sortir en effet une autre ID avec photo afin qu'il vérifie que c'est bien elle, la jolie dame qui fait la tête sur le passeport. Elle s'exécute car on ne peut faire que cela mais pense que si elle lui avait mis sous le nez sa carte de bibliothèque au lieu de carte d'identité française, il n'aurait pas vu la différence ! Après la prise d'empreinte (de celle des pouces seulement il y a quelques années, ils sont passés à celle des dix doigts : à quand celle des doigts de pieds ?!) et la photo (sans lunettes, sans sourire, sans râler, sans faire de clin d'oeil...) son passeport est enfin tamponné.

Ne restent plus que les formalités du ministère de l'agriculture. Une employée circule avec un petit chien amical. La grand-mère asiatique est suspecte, car le charmant toutou s'arrête sur son bagage à main avec insistance et elle doit tout vider. Niak, niak, bien fait, cela lui apprendra à gruger ! (un peu mesquin, mais cela fait du bien d'avoir des pensées méchantes de temps en temps). Après le sermon injuste d'un de ses collègues car ils se sont trompés de file, enfin un sourire : le petit homme rondouillard et jovial qui contrôle qu'ils n'aient si plante rare ni terre dans leurs bagages leur donne le feu vert, tout content de leurs dire merci et au revoir en français. 

Ils redeviennent des touristes comme les autres, prèts à dépenser les jolis billets verts tout neufs et tout craquants qui dorment dans la petite enveloppe de la banque.

Californie les voilà !

Ps : Merci à Mademoiselle Mauvaise Foi qui a bien aidé l'auteur de ce billet à l'écrire ainsi qu'à Madame Xénophobie. Sans elles deux, il n'aurait peut-être pas réussi à se dégager de son ensemble politiquement correct qui commençait à le serrer un peu aux épaules...


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samedi 9 juillet 2011

Le trailer, ce bizarre animal !

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Non, rien à voir avec la remorque, la roulotte, la caravane. Tss, tss, vous n'y êtes pas du tout ! Le trailer est un animal bizarre mâle ou femelle qui fait du trail. Le trail est à la course à pied ce qu'est le VTT au vélo de route. Le trailer court par mont et par vaux, jamais sur le bitume et bien sûr, jamais sur du plat. Il raffole des sentiers escarpés, il grimpe, redescend, remonte le versant du vallon opposé et redescend encore… Il parle alors en dénivelé, positive ou négative et plus il y en a, plus il est content. Il prévoit ses trails en général avec d’autres fondus comme lui et ils cherchent ensemble les plus extravagants possibles. En montagne avec des dénivelés impossibles, ou de nuit dans la neige ou encore sur un volcan sur une île lointaine… avec des noms évocateurs (Diagonale des fous !). Jugez du peu : Saintélyon entre St Etienne et Lyon, 68 km de course et 1300 de dénivelé ; Trail de forts à Besançon, 45 km et 2000 m de dénivelé ou encore Xtrail à Courchevel, 54 km et 4000 m de dénivelé. Un trail de 30 km est appelé le trail des enfants et un de 10km, le trail des bébés ! Et ceci sans aucun mépris, simplement le trailer de sait pas courir moins de deux ou trois heures.

Pour réussir ses exploits, notre trailer s’entraine. Il y va par de glaciales matinées d’hiver, alors que le soleil n’est même pas en vue, et court à la lampe frontale. Parfois il communie d'un peu trop près avec la nature et se trouve nez à nez avec la faune locale telle une harde de sangliers. Le trailer qui nous occupe est de sexe masculin et rien ne le décourage, ni la nuit, ni la pluie, ni le vent, ni la neige… Il avale les 500 marches qui montent à sa citadelle Vauban plusieurs fois de suite afin de faire son « fractionné » (cf google pour la définition du mot). Il suit son programme d’entrainement avec une ténacité et une obstination dignes d’admiration. C’est la brute, le monstre, le sportif dans sa beauté et sa démesure.

Le trailer fait aussi attention à son alimentation. Il ne dédaigne pas une bonne bouteille et un bon fromage mais quelques jours avant le trail, attention, plus d’excès. Il boit alors des liquides délicieusement chimiques au gout passion ou saucisson et mange des pâtes à presque tous les repas. La veille ou l'avant veille du jour J, le trailer demande souvent l'aide de sa douce moitié. Elle a alors son heure de gloire et apporte son petit caillou à l'édifice. Elle a en effet la lourde tâche de préparer son "gâteau sport". Cette chose qui n’a de gâteau que le nom, est un concentré d’énergie et « d’apport glucidique avant l’effort ». De ce fait, il ne reste plus beaucoup de place pour le reste.  Mais elle est très fière d’apporter toute sa science et sa technique de la pâtisserie pour mélanger ces 400gr de poudre hautement diététique à ¼ de litre d’eau et participer ainsi à l’effort de son trailer. Toutefois malgré toute cette science et l'amour qu'elle apporte à la confection de ce « gâteau », il vous est fortement conseillé de boire en dégustant cette spécialité culinaire, sous peine de mourir étouffé !

Une dernière précision : ne vous méprenez pas, le trailer court pour courir et finir la course. On ne parle pas ici des gazelles extraterrestre qui arrivent en tête et font des temps extraordinaires et ébouriffants, non, nous vous parlons des gens comme vous et moi (enfin, non, pas comme moi !) qui se sont mis en tête ces défis hors norme. Le trailer ne court pas pour battre le voisin, non, il court pour lui. Il n’est pas rare de voir les coureurs finir la course ensemble sans chercher à se gratter à l'arrivée. Bon, rassurez vous, ce bel esprit a des failles et ils sont humains quand même ! Ainsi lorsque l'un d'eux, apprend qu’il a fait quelques minutes de plus que le père d’un ami à la même course, il essaie de mettre la misère à celui-ci au prochain trail où ils sont inscrits tous les deux. Ce n’est pas une compétition mais quand même, il faut quelques fois remettre les pendules à l’heure ! 

Mais c'est égal, quel homme, ce traileur...

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jeudi 7 juillet 2011

Le temps des concours.

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Les concours sont dans trois semaines. Sa fille est partie réviser à la campagne avec deux amis. Dernière ligne droite avant les écrits.

Mais le temps file et c'est déjà le matin des épreuves. Elle est venue les passer dans sa ville avec ses amis. Le premier matin, ils plaisantent mais on les sent tendus. Sa mère, elle, s'est réveillée très tôt, l’estomac noué. Mais c’est leur moment, pas le sien, alors elle est un roc, celle qui garde la tête froide. Elle affiche une assurance et une confiance qu'elle est loin de ressentir « Vous avez bien vos cartes d’identité, vos convocations…». Quand ils reviendront, le soir, elle ne leur demandera rien. Au fil des épreuves, elle essaiera de lire sur leur visage s'ils sont satisfaits, prête à consoler, rassurer er s'indigner aussi s’il le faut  « Tu sais, c'est un concours, c’est pour tout le monde pareil ». Toujours les mêmes phrases qu’ils se sont répétés mais qu’il faut dire et redire.

Et puis, avec eux, elle attendra, elle espèrera, elle se préparera aux résultats. Elle a confiance mais elle a peur. Peur qu'ils soient déçus et tristes, qu'ils aient mal. Quand les listes sortiront, elle sera à côté du téléphone et guettera le texto qui lui dira si son enfant a réussi et si ces deux années de travail ont abouti à ce qu’il souhaite. Admissible : un joli mot mais un mot incomplet. Car la danse recommencera jusqu’à l’ultime et dernière ronde des oraux, ponctuée par le plus bel épilogue qui soit : admise.

Alors seulement, elle respirera et elle sortira la bouteille qu'elle a mise au frais. Car au fond d'elle-même, elle a toujours été certaine qu’elle réussirait. Et ce soir-là, elle dormira enfin tranquille.

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