Aéroport de Los Angelès, terminal international.
Trois avions venant d'Europe et d'Asie ont déversé ensemble leur cargaison de voyageurs. La très grande majorité sont des touristes. La foule non autochtone est aiguillée très fermement. L'efficacité anglo-saxonne est bien connue, et les latins qu'ils sont (désordonnés et resquilleurs) vont donc admirer ce sens de l'organisation qu'il leur est envié outre-atlantique. Une grande déception les attend et le mythe s'effrite. À leur grand étonnement, il règne une pagaille digne d'un jour de soldes aux Galeries Layettes. Ils se préparent donc à une longue attente. Les queues sont confuses et indistinctes, de temps en temps un employé ouvre une de ces files modulables et repositionnables et hop, cinquante personnes se ruent vers l'ouverture. Une grand-mère asiatique (1,50m avec talons) bouscule leur voisin (1,90m et 85kg) pour lui passer devant, suivie de sa bande. Celui-ci n'ose réagir : il aurait l'air d'une grosse brute. Alors il prend l'air blasé et condescendant du l'homme qui connaît cette routine par coeur. Un papa accompagné de deux jeunes enfants est extrait de leur agglomérat compact pour être prioritaire. Finalement le pauvre ne gagnera que quelques malheureuses places, étant coiffé au poteau par un groupe de vingt coréens sortis de nulle part. Une autre famille ayant un jeune enfant hurlant, épuisé par ce douze heures de vol et le manque de sommeil, aura plus de chance. Les employés ayant les oreilles sensibles, elle sera amenée directement devant un guichet de l'immigration.
Les voilà donc à attendre, troupeau docile de délinquants en puissance, que l'homme ou la femme à la casquette s'occupe de leur cas et vérifie s'ils ont bien rempli (et payé surtout) le formulaire ESTA, s'il ne viennent pas prendre le travail d'un bon américain tout gentil, s'ils ont bien des billets de retour et s'ils n'ont pas trafiqué leur passeport. Pour la première fois, elle doit sortir en effet une autre ID avec photo afin qu'il vérifie que c'est bien elle, la jolie dame qui fait la tête sur le passeport. Elle s'exécute car on ne peut faire que cela mais pense que si elle lui avait mis sous le nez sa carte de bibliothèque au lieu de carte d'identité française, il n'aurait pas vu la différence ! Après la prise d'empreinte (de celle des pouces seulement il y a quelques années, ils sont passés à celle des dix doigts : à quand celle des doigts de pieds ?!) et la photo (sans lunettes, sans sourire, sans râler, sans faire de clin d'oeil...) son passeport est enfin tamponné.
Ne restent plus que les formalités du ministère de l'agriculture. Une employée circule avec un petit chien amical. La grand-mère asiatique est suspecte, car le charmant toutou s'arrête sur son bagage à main avec insistance et elle doit tout vider. Niak, niak, bien fait, cela lui apprendra à gruger ! (un peu mesquin, mais cela fait du bien d'avoir des pensées méchantes de temps en temps). Après le sermon injuste d'un de ses collègues car ils se sont trompés de file, enfin un sourire : le petit homme rondouillard et jovial qui contrôle qu'ils n'aient si plante rare ni terre dans leurs bagages leur donne le feu vert, tout content de leurs dire merci et au revoir en français.
Ils redeviennent des touristes comme les autres, prèts à dépenser les jolis billets verts tout neufs et tout craquants qui dorment dans la petite enveloppe de la banque.
Californie les voilà !
Ps : Merci à Mademoiselle Mauvaise Foi qui a bien aidé l'auteur de ce billet à l'écrire ainsi qu'à Madame Xénophobie. Sans elles deux, il n'aurait peut-être pas réussi à se dégager de son ensemble politiquement correct qui commençait à le serrer un peu aux épaules...
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RépondreSupprimerAllez un petit défi pour le prochain voyage (histoire de pimenter un peu)! : même pas cap de lui fourrer la carte de bibliothèque au lieu de la CI, et s'il/elle s'en aperçoit lui sortir un "ohhhhh
sorrry"" avec un magnifique sourire???!!!! Cap ou pas cap?