Hollywood Bowl est un énorme amphithéâtre d'une capacité de plus de 17000 places construit dans les années 30. L'orchestre philharmonique de Los Angeles y a ses quartiers d'été. Les spectacles y sont très variés, jazz, rock, opéra... Mais c'est aussi un rendez-vous traditionnel pour les angélinos et l'occasion pour eux de montrer leur amour pour les repas en plein air, art dans lequel ils excellent, il faut le reconnaître.
L'opéra commence à 19h30 mais les spectateurs sont déjà là à partir de 18h. L'assistance est un mix de jeunes et de moins jeunes, on ne sent pas le caractère un peu froid et élitiste des publics d'opéra habituels. De fait, l'amphithéatre se transforme bientôt en un gigantesque pique-nique. Ils ont des places dans un box de quatre personnes. Moins de cinq minutes après être arrivés, hop, ils sont installés et deux petites tables portatives sont clipées astucieusement sur les côtés par un des jeunes qui sillonnent l'amphi. Le box est constitué de deux rangs de deux fauteuils en toile et le rang inférieur se retourne pour faire la dinette. Autour d'eux règne une effervescence organisée. Imaginez-vous des centaines de spectateurs qui pique-niquent à Bercy en attendant un spectacle ?! Même si on leur lance des petites piques de temps en temps, il faut reconnaître que les Américains sont cent coudées devant lorsqu'on parle de plein air. Beaucoup ont apporté des serviettes en tissu qui font office de nappe, derrière eux, le box a un vrai panier de pique-nique en osier, plus loin il y a même un bouquet de fleurs sur une table. Partout des verres et des bouteilles (en verre ce qui est interdit par contre si c'est un concert de rock). Ils ont du vin rouge et du fromage, mais petits joueurs, ils n'ont que des verres en plastique !
Et puis, chhhuuuut ! On annonce que dans cinq minutes le spectacle va commencer. En un clin d'oeil tout est rangé, les tables enlevées par les mêmes qui les ont posées, les fauteuils sont retournés et l'assistance silencieuse est prête à écouter.
Ce soir, on donne Turandot, opéra en trois actes de Puccini : Turandot, princesse chinoise, du genre mégère sanguinaire, fait décapiter à tour de bras ses prétendants jusqu'au jour où elle découvre l'amour et devient douce comme une colombe. L'orchestre est dirigé par Gustavo Dudamel. Pas de chance, le chanteur joue le prince a une laryngite ce soir (chanter en plein air a un prix !). Pas grave, elle n'est pas sûre qu'elle aurait entendu la différence.
L'opéra commence, il fait encore jour et c'est grandiose, la musique s'élève vers le ciel et Turandot est magnifique. La soprane qui tint le rôle de la pauvre et jolie servante martyrisée (Turandot est vraiment une vraie g... , oups ! sorry, une méchante) est divine. Il y quelque chose de féérique à écouter dans nuit qui approche ces voix fabuleuses qui montent vers le ciel, à peine troublées par le bruit d'un hélicoptère et d'un avion.
Le soleil décline sur les collines environnantes et c'est la fin de l'acte 2 : les bouteilles ressortent pendant l'entr'acte. Leurs voisins, avec qui ils ont un peu discuté tout à l'heure (les fromages, c'est du public relations, comme un autre), voient qu'elle a froid car les nuits sont fraiches parfois à LA. Ils lui proposent un sweat qu'ils ont en trop, et aussi un café tout chaud. Le vieux monsieur lui raconte comment il a repêché la chaussure de sa fille dans la Seine il y a vingt ans. Elle retrouve l'Amérique qu'elle aime, chaleureuse, ouverte et curieuse des autres cultures.
L'opèra se termine, l'adorable grand-mère qui lui a prêté le sweat, refuse catégoriquement de le reprendre. Elle n'insiste pas de peur de la blesser. La sortie de l'amphi se fait rapidement sans attente, car tout a été prévu pour la foule, des allées extra larges et des accès faciles.
Dans la nuit maintenant tombée, chacun regagne son parking. La police veille au bon ordre. Ils rentrent à pied car l'hôtel est à deux pas.
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RépondreSupprimerRacquetter des petites vieilles, tu n'as pas honte maman !!