dimanche 25 septembre 2011

Tu peux répéter ?

sourd

Cocktail parisien chez des amis. Du monde, pas de musique, juste le brouhaha des conversations. Les lèvres bougent, elle entend les sons mais ne comprend pas les mots (elle n'a bu qu'un seul verre). Elle fait répéter deux fois et ne comprend toujours pas. Elle s'en sort par une pirouette.

Pressentant que le plafond va bientôt lui tomber sur la tête, elle ne fait pas l'autruche et prend rendez-vous chez un spécialiste. La salle d'attente est beige et triste et elle est de plein pied dans le troisième âge. Elle pianote sur son téléphone pour calmer l'angoisse qui monte. Sa voisine lui demande « Vous n'avez jamais de courbatures aux pouces ? » Elle a l'air gentille mais aujourd'hui elle n'a pas trop envie de lui répondre. C'est son tour. Quelques tests suffisent et le verdict tombe : surdité à 30% et à 35%. Noooon ! Elle était juste blonde, la voici blonde et sourde ! Elle est assommée. Le médecin finit sa besogne en ajoutant « C'est une courbe typique de la surdité de l'âge...» Raaaagh ! Elle tombe raide. Il vient de lui enfoncer un pieu dans le coeur. Elle le déteste. Elle est blonde, sourde et vieille. C'est épouvantable. Et cela lui tombe dessus comme cela, tout d'un coup, sans crier gare. 

Décidée à sauvegarder ce qui peut l'être encore, la petite vieille sourde qu'elle est devenue en quelques minutes file en vélo (au moins elle gardera de jolies jambes) chez l'audioprothésiste. Ici les locaux sont petits mais modernes et lumineux. La salle d'attente donne sur une petite place animée. L'homme de l'art est jeune, charmant et a de magnifiques yeux bleus. Elle a toujours eu un faible pour les yeux bleus. Il n'empêche, elle a envie de s'enfuir en courant. Sa blonde de fille qui l'a rejointe sait trouver les mots pour la calmer.

Quelques temps après, ça y est, elle a un truc d'espion dans l'oreille, elle est ap-pa-reil-lée. Elle le voulait fun, rose ou rayé mais il n'y a pas, il parait. C'est tout petit et invisible et en fait, ce n'est pas tant l'objet lui-même qui dérange, que l'idée qu'on s'en fait. Mais quand même, entre son sonotone, oups ! pardon, entre son aide auditive et elle, ce ne sera jamais une histoire d'amour. Et ils se préparent toutefois à une longue vie commune sans séparation possible. Pfff, déprimant.

Heureusement il sait se faire oublier. Ainsi, quelques jours après, elle le cherche partout. N'étant pas très ordonnée de nature, elle n'a pas encore pris l'habitude de le mettre toujours à la même place. Moment d'angoisse car ce petit gadget vaut quand même une fortune (merci pour ceux qui veulent lui envoyer un chèque mais sa mutuelle a couvert les frais). Après quelques instants de recherches frénétiques, elle s'aperçoit qu'il est... à sa place, à l'oreille !

« Elle est blonde, sourde et en plus elle perd la tête »

Pas la peine de chuchoter derrière son dos, elle vous entend parfaitement ! 

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jeudi 22 septembre 2011

La petite robe rouge...

rouge-paillettes3

Elle est invitée à une soirée à Londres et il faut être habillé en rouge. Elle a bien une robe qui ferait l'affaire mais elle est désespérément ennuyeuse. Alors elle cherche sur eBay et trouve juste ce qu'il lui faut à un prix ridiculement bas. Elle hésite puis décide d'oublier juste une fois son image sage et raisonnable. Elle l'achète. 

Le soir venu, elle se prépare mais a encore un doute. L'homme de sa vie n'est pas là pour la rassurer, il la rejoint là-bas. La robe est courte, moulante et clinquante. Elle a ajouté de hautes bottes à talons et s'est peinte les lèvres en rouge. Elle ne se reconnait plus. Pour un soir elle s'est glissée dans le rôle d'une femme sexy mais vulgaire et ne sait pas trop si c'est une bonne idée. Mais il est trop tard pour changer d'avis, elle n'a rien apporté d'autre. Il faut y aller.

Finalement elle n'est pas la seule à être sortie du moule et la soirée est un peu folle. Quand l'homme qu'elle aime l'aperçoit, elle voit briller au fond de ses yeux une petite lumière et il lui chuchote des mots doux à l'oreille. Puis, elle danse, elle s'amuse beaucoup, et elle oublie sa tenue.

Mais en partant, un de ces fils, présent à la soirée, lui glissera en l'embrassant « Tu es très jolie maman mais, dis, tu ne la remettras pas, cette robe ? » 

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lundi 19 septembre 2011

Passage en gares

gare du nord

Les gares parisiennes sont de formidables monuments de fer et de verre, fantastiques souvenirs d’une époque industrielle révolue : gare Saint Lazare, gare de Lyon, gare du Nord ou encore l’ancienne gare d’Orsay, monstre de démesure sur les bords de Seine et qui faillit bien être démolie il y a quelques décennies. Qu'elles sont belles ces gares parisiennes ! Et aujourd’hui comme hier, toujours en perpétuelle agitation. On y a l’impression que, quoiqu’il arrive, les passagers continueront à circuler dans une ronde sans fin, comme dans une gigantesque salle des pas perdus. Parcourues par des passagers pressés et stressés ou par des passagers ayant le temps de musarder un peu, en surface, les gares sont fascinantes. Mais en sous-sol, lorsqu’elles se doublent d’une correspondance RER et de nombreuses lignes de métro, tout change. C’est alors brutal et moderne, on ne retrouve plus ce charme de l’étage supérieur. Faites d’acier, de néons et de portillons automatiques, tout y est rationnel, pratique et… déconcertant. 

 Gare de Lyon, elle arrive de sa province en TGV et tire sa valise à roulettes, accessoire indispensable pour être admise dans la confrérie des voyageurs. Direction Londres via la gare du Nord. Elle s’enfonce vers les sous-sols. Elle l’air de savoir où elle va mais elle est toujours mal à l’aise dans l’univers froid et blafard de cette station RER qu'elle n'a jamais réussi à apprivoiser. Et pourtant ce n’est pas faute de pictogrammes, de flèches et de lettres de toutes les couleurs. Il y en a trop, on ne sait plus où regarder. 

 « Pardon Madame, je cherche un train pour l’Auvergne » C’est une charmante grand-mère, tirant elle aussi l’accessoire requis, qui l’aborde pour lui demander cela. À l'heure actuelle elle doit être arrivée en Auvergne, mais après, la femme rit doucement en repensant à sa question. Elle avait l’air gentille et douce et elle faisait surement des confitures et gâtait ses petits enfants à Noël. 

 Mais fallait-il qu’elle soit désemparée devant cette débauche d’informations pour lui poser la question de cette façon ?! Heureusement, en chacun de nous sommeille un bon samaritain enclin à aider plus démuni que soi. Quelques fois le service requis est plus difficile à comprendre, tel le cas de cet asiatique perplexe devant une passagère à la porte d’un wagon. Pourtant, une valise grosse comme une maison, trois marches et une jeune fille souriante qui fait des signes, c’est international, non ? La femme n'est pas témoin de la fin de l’histoire, mais le voyageur a surement fini par comprendre. 

 Elle arrive finalement à la gare du Nord, elle passe la grille qui sépare le voyageur ordinaire du voyageur international qu'elle est, puis elle repère un Paul, enfin elle retrouve des valeurs sures ! Munie d’une salade (il faut rentrer dans la petite robe ajustée qu'elle met le soir) et d’une tarte aux pommes (hélas ! elle est faible) elle va pique-niquer sur le balcon qui domine la gare. Elle attend son Eurostar en admirant la beauté de la charpente et en observant au calme les passagers qui s’agitent plus bas.

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jeudi 15 septembre 2011

« Et maintenant on va où ? »

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Un des bruns de la famille et moi décidons d’aller au cinéma. Pas rancunière je lui laisse le choix. La dernière fois, mal m’en a pris car nous sommes allés voir un navet interplanétaire, Le choc des Titans. Un film pop corn comme mon brun les appelle. Soit un film qui n’a d’intérêt que par les pop corn que l’on achète pour manger pendant la séance. Mon brun allait avoir du mal à remettre les pendules à zéro. Mais il l’a fait et de magnifique façon.

Nadine Labaki, ce nom vous dit quelque chose ? C’est vague ? Cherchez bien… Oui c’est cela, ce joli film il y a trois ans, Caramel. L’actrice réalisatrice et scénariste a récidivé avec Et maintenant on va où ? Le lendemain alors que j’écris ces lignes, je suis encore sous le charme.

L’action se passe au Liban dans un petit village qui a réussi à résister à la guerre fratricide que se livrent chrétiens et musulmans. C’est l’alliance des femmes du village pour résister et résister encore, pour lutter de toutes leurs forces afin que les hommes du village ne soient pas contaminés par cette haine aveugle qui détruit tout autour d’eux et remplit les cimetières d’hommes jeunes et qui étaient pleins d’avenir.

Et elles trouvent des solutions, pas la solution ultime mais elles essaient tout. Ces femmes sont fortes, déterminées, courageuses, pleines d’idées (quelques fois plutôt originales) pour arriver à leur fin et empêcher leurs hommes de prendre les armes. Elles sont toutes belles, ces femmes musulmanes ou chrétiennes, la plupart pour la première fois devant la caméra. Les émotions sont exprimées par de petits gestes, des regards ou carrément des coups de chaussures sur la tête au fils récalcitrant !

Car ne vous méprenez pas, c'est une tragédie, mais c'est aussi une comédie. La réalisatrice a dit en parlant des Libanais : « on a appris à dédramatiser les choses, à tourner en dérision notre malheur ». Alors on passe du rire aux larmes sans préavis. Et de nouveau du drame au cocasse. Vous rirez, vous pleurerez dans la même minute. Et puis, comme par effraction, la réalisatrice introduit également de la comédie musicale, émouvante ou entrainante. Il y a un incessant changement de rythme, à l’image de la vie de ces villageois qui s’en sortent comme ils peuvent dans ce pays en guerre. Et, aux dernières minutes, on comprend enfin le titre du film.

Dans le cinéma le public réagissait franchement, parfois la salle riait et parfois on sentait les gorges se serrer. A un moment Nadine Labaki pique une colère épouvantable, écœurée devant tant de gâchis et elle met tout le monde à la porte de son café. Sublime en femme amoureuse, elle est alors magnifique dans sa colère, une sorte de beauté sauvage qui ne supporte plus cette tension perpétuelle.

Ce film est fabuleux, les dialogues sont savoureux, les émotions sont vraies et la musique est envoutante. Au festival de Cannes, il a eu la mention spéciale du Jury Oecuménique et le prix François Chalais, mais on s’en moque un peu. Allez le voir, vous ne le regretterez pas : vous rirez, vous pleurerez et je suis sûre que vous l'aimerez.

 

 

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le film sur allociné.com  
une critique

 

 

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Ce grand-père là

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Le grand-père dont je vous parle est un homme calme et discret.

Son père, son grand-père et tous les hommes de la famille sont des marins pêcheurs. Alors on ne lui demande pas son avis et à quatorze ans, il doit quitter l'école pour suivre leurs traces. Et il part à Terre-Neuve. Il fait froid là-bas et c'est loin. Le travail est dur. Mais il nait à une époque où on dit : « Sois un homme, ne pleure pas ! » Alors il ne dit rien. Plus tard quand les bateaux de pêche commencent à se faire rares, ce sera la marine marchande avec l'Afrique et ses côtes lointaines, puis les ferrys qui traversent la Manche, et enfin la navigation sur la Seine. Il ne reste jamais loin de la mer. 

Le grand-père dont je vous parle a de grosses et larges mains. Elles ne sont pas très belles, ces mains. Elles ont aimé, elles ont caressé et elles n'ont jamais frappé, ces mains. Elles ont aussi beaucoup travaillé et lui ont toujours obéi. Aujourd'hui, il a du mal parce que l'une d'elle ne veut plus obéir justement. Il se débrouille mais il est triste car il a dû arrêter de conduire. Il a appris très tard dans sa vie et il aimait bien cela. Ses parents, eux, n'avaient jamais eu de voiture.

Le grand-père dont je vous parle n'est pas bavard, il est ce qu'on appelle un taiseux. Ses petits enfants aiment le faire raconter mais ce n'est pas toujours facile. Il faut être patient et avoir du temps. Quelques fois, ses yeux se plissent et son nez remue un peu, on sait alors qu'il va dire une plaisanterie qu'il a longuement médité. Et on rit de ce qu'il dit, mais aussi de voir son plaisir.

Aujourd'hui, c'est son anniversaire. Peut-être ses enfants, ses petits-enfants y penseront et lui téléphoneront. Il n'en dira surement rien mais cela lui fera plaisir. Et il aura un petit sourire en coin en penchant la tête. 
Le grand-père dont je vous parle est un homme calme et discret.

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samedi 10 septembre 2011

Brève rencontre.

feux


Il faut chaud, la vitre est baissée et elle attend que le feu passe au vert.

« Vous avez une jolie voiture, Madame ! » Elle tourne la tête. Elle habite une petite ville de province oû on parle encore facilement à des inconnus. Une voiture est rangée à coté de la sienne et c'est le passager qui l'a interpellée.  Le garçon a une bonne tête et un visage ouvert. Ses dents sont mal rangées, il lui en manque une en bas. Cela lui donne un petit air pas sérieux. Il doit avoir une vingtaine d'années. Elle sourit et dit merci. 

« J'aimerais bien pouvoir m'en payer une comme cela un jour ».
Ses yeux brillent d'une envie de gosse devant un paquet de bonbons, il trouve la voiture jolie et le dit, c'est tout. Celle dans laquelle il est est plutôt mal en point et a un gros autocollant sur la portière. Elle lui répond qu'à son âge, elle en avait rêvé aussi mais qu'à l'époque, elle ne pensait pas que cela se réaliserait.

«Vous travaillez Madame ? Vous faite quoi ? Médecin ? »
Elle est mal à l'aise pour lui répondre que, non, elle ne travaille pas. Mais il semble ne pas lui en vouloir. 

« Alors, c'est votre mari qui travaille ? » Il rit. Il est content de sa blague. Le feu passe au vert, elle lui sourit une dernière fois, démarre et la conversation s'interrompt. L'autre jour, c'était un petit vieux libidineux qui lui avait fait des propositions en soit-disant admirant la voiture. Et elle avait remonté sa vitre. Mais là, elle a trouvé ce bref échange sympathique et la spontanéité du garçon était plutôt touchante.

Oh, zut, elle a oublié de tourner et elle est à nouveau coincée à un feu rouge...

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jeudi 8 septembre 2011

Les pierres.

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Une nuit, pendant qu'elle dort, un crabe lui pince la poitrine. Elle a un peu mal et surtout très peur. Elle prend une pierre et tue le crabe, cette sale bête. Pendant longtemps, après, elle dort une pierre à la main. Au fil des jours elle oublie un peu et lâche la pierre

Puis hier, une autre petite bête vient lui tourner autour. Ce n'est pas le crabe, elle l'a tué. Mais elle l'ennuie et lui fait un peu peur. Alors elle reprend la pierre et l'écrase.

Et puis son chien, vieux et malade, meurt. Et elle se met à pleurer. Elle est fatiguée tout d'un coup, triste et découragée. Elle trouve que cela fait beaucoup à la fois. 

Mais un bruit lui fait relever la tête. Elle est prête à frapper de nouveau. Cette fois ce sont ses enfants, son mari et ses amis. Ils ont chacun une pierre à main et se mettent autour d'elle.

Elle sourit, se relève et les embrasse.


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lundi 5 septembre 2011

Un blond qui voyage.

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L'un de nos deux blonds est invité à un mariage. Alors il met son beau costume et part à la gare. Là, il monte dans un train. Il n'a pas de place assise et se contente d'un strapontin. Le paysage défile. Notre blond rêvasse en tapotant sur son blackberry. Une contrôleuse SNCF, dans son joli uniforme Christian Lacroix, lui demande son billet. Et là, patatras ! La bulle de tranquilité éclate. Notre blond, distrait, s'est trompé de train. Il est parti pour la gare de Lyon, alors qu'il allait... à Lyon. Oui, oui, l'horaire était différent, oui c'était un TGV et non un TER, oui c'était noté sur le wagon... Mais voilà, il était sur pilote automatique et n'a pas vu tout cela. 

À quoi rêvait-il notre blond ? Aux amis qu'il allait retrouver à ce mariage ? Au stage qu'il venait de décrocher à Londres ? Où encore à la jolie fille qu'il venait de croiser ? Je ne sais pas mais la contrôleuse a eu beaucoup d'empathie pour notre distrait. Il n'a pas eu d'amende et n'a pas payé de surtaxe. Peut-être a-t-elle été émue par ce jeune homme qui réalisait tout à coup avec effarement l'étendue de son erreur. Et elle n'a pas voulu gâcher complètement sa journée. 

Il arrivera quand même à Lyon, mais un peu plus tard que prévu. Inutile de dire que ses amis ont bien ri de lui et de sa mésaventure. Quelques années auparavant, sa blonde de petite soeur était aussi montée dans le mauvais train qui l'avait enmenée sans pitié à l'autre bout de la région. Le contrôleur, bonhomme, avait fait preuve de la même mansuétude.

Sous l'uniforme, il y a donc un coeur qui bat et qui a quelquefois pitié des rêveurs blonds et distraits.



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jeudi 1 septembre 2011

Une blonde, un melon et une décapotable

melon

Elle vient d'aller faire vite deux ou trois courses pour le dîner et les pose dans le coffre de sa petite décapotable. Puis elle se dit que c'est une belle soirée et décide d'ouvrir le toit.

Mais le mécanisme se bloque à mi chemin. C'est une voiture très sophistiquée et cela ne doit pas arriver. Elle est désemparée. Elle ne peux plus ni ouvrir ni fermer. Elle regarde et découvre que le petit melon bien mûr qu'elle vient d'acheter est le coupable. Il a roulé sous les articulations et coince le mécanisme. Elle est bien embêtée. Sa jolie bombinette a l'air d'un bel oiseau avec une aile cassée. Elle cherche à le bouger mais elle n'a qu'une brosse à dent comme instrument. Des tas de solutions lui traversent l'esprit mais elle les écarte toutes. Elle va se débrouiller seule. Il lui faut un couteau, elle va trancher dans le vif et éviscérer ce melon récalcitrant. 

L'employé du magasin à qui elle va le demander veut voir le problème avant de prêter l'instrument du meurtre. Il touche à peine au melon bloqueur et la blonde (oui, c'en est une) a peur qu'il se fasse cisailler les doigts. Il lui conseille alors de réessayer de fermer le toit (forcément elle n'y a pas pensé puisque c'est une blonde !) Miracle, cette fois-ci cela fonctionne. Elle remet de l'ordre dans son coffre, ouvre son toit et remercie son sauveur qui n'a rien fait mais aura une bonne histoire de blonde à raconter. Celui-ci et deux spectateurs qui ont regardé la scène lui sourient lorsqu'elle démarre. D'un sourire pas trop goguenard car la voiture est vraiement jolie et la blonde pas trop blonde finalement.

Le melon saboteur, qui a déjoué une technologie de pointe, s'en sort finalement sans une égratignure mais sera quand même sacrifié au dîner.


 

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