Les gares parisiennes sont de formidables monuments de fer et de verre, fantastiques souvenirs d’une époque industrielle révolue : gare Saint Lazare, gare de Lyon, gare du Nord ou encore l’ancienne gare d’Orsay, monstre de démesure sur les bords de Seine et qui faillit bien être démolie il y a quelques décennies. Qu'elles sont belles ces gares parisiennes ! Et aujourd’hui comme hier, toujours en perpétuelle agitation. On y a l’impression que, quoiqu’il arrive, les passagers continueront à circuler dans une ronde sans fin, comme dans une gigantesque salle des pas perdus. Parcourues par des passagers pressés et stressés ou par des passagers ayant le temps de musarder un peu, en surface, les gares sont fascinantes. Mais en sous-sol, lorsqu’elles se doublent d’une correspondance RER et de nombreuses lignes de métro, tout change. C’est alors brutal et moderne, on ne retrouve plus ce charme de l’étage supérieur. Faites d’acier, de néons et de portillons automatiques, tout y est rationnel, pratique et… déconcertant.
Gare de Lyon, elle arrive de sa province en TGV et tire sa valise à roulettes, accessoire indispensable pour être admise dans la confrérie des voyageurs. Direction Londres via la gare du Nord. Elle s’enfonce vers les sous-sols. Elle l’air de savoir où elle va mais elle est toujours mal à l’aise dans l’univers froid et blafard de cette station RER qu'elle n'a jamais réussi à apprivoiser. Et pourtant ce n’est pas faute de pictogrammes, de flèches et de lettres de toutes les couleurs. Il y en a trop, on ne sait plus où regarder.
« Pardon Madame, je cherche un train pour l’Auvergne » C’est une charmante grand-mère, tirant elle aussi l’accessoire requis, qui l’aborde pour lui demander cela. À l'heure actuelle elle doit être arrivée en Auvergne, mais après, la femme rit doucement en repensant à sa question. Elle avait l’air gentille et douce et elle faisait surement des confitures et gâtait ses petits enfants à Noël.
Mais fallait-il qu’elle soit désemparée devant cette débauche d’informations pour lui poser la question de cette façon ?! Heureusement, en chacun de nous sommeille un bon samaritain enclin à aider plus démuni que soi. Quelques fois le service requis est plus difficile à comprendre, tel le cas de cet asiatique perplexe devant une passagère à la porte d’un wagon. Pourtant, une valise grosse comme une maison, trois marches et une jeune fille souriante qui fait des signes, c’est international, non ? La femme n'est pas témoin de la fin de l’histoire, mais le voyageur a surement fini par comprendre.
Elle arrive finalement à la gare du Nord, elle passe la grille qui sépare le voyageur ordinaire du voyageur international qu'elle est, puis elle repère un Paul, enfin elle retrouve des valeurs sures ! Munie d’une salade (il faut rentrer dans la petite robe ajustée qu'elle met le soir) et d’une tarte aux pommes (hélas ! elle est faible) elle va pique-niquer sur le balcon qui domine la gare. Elle attend son Eurostar en admirant la beauté de la charpente et en observant au calme les passagers qui s’agitent plus bas.
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RépondreSupprimerPas de problèmes..Les auvergnats, bientôt ne seront plus perdus à la gare de Lyon...La SNCF, prenant en compte leur détresse vient d'avoir l'idée géniale de les envoyer à partir de décembre en gare
de Bercy...une gare plus adéquate pour ces malheureux provinciaux..
Signé : une auvergnate en colère...qui, bien qu'elle se soit perdue plus d'une fois dans les sous-sols de la gare de Lyon, l'aimait cette gare....
Très bien raconté les affres des malheureux voyageur perdus..Ouf, nous avons eu chaud..Bientôt, nous aurons une gare à notre image...une gare pour les ploucs..
RépondreSupprimerL'histoire est véridique, la question m'a été posée comme cela et ... je déteste la gare de Lyon RER !
RépondreSupprimerJ'aurais aimé que tu livres un peu plus de détails sur ta "petite robe ajustée"!!!! Couleur, forme, longueur.... Lol....
RépondreSupprimerJustement j'hésitais... tu me décides. C'est sous presse !