jeudi 15 septembre 2011

Ce grand-père là

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Le grand-père dont je vous parle est un homme calme et discret.

Son père, son grand-père et tous les hommes de la famille sont des marins pêcheurs. Alors on ne lui demande pas son avis et à quatorze ans, il doit quitter l'école pour suivre leurs traces. Et il part à Terre-Neuve. Il fait froid là-bas et c'est loin. Le travail est dur. Mais il nait à une époque où on dit : « Sois un homme, ne pleure pas ! » Alors il ne dit rien. Plus tard quand les bateaux de pêche commencent à se faire rares, ce sera la marine marchande avec l'Afrique et ses côtes lointaines, puis les ferrys qui traversent la Manche, et enfin la navigation sur la Seine. Il ne reste jamais loin de la mer. 

Le grand-père dont je vous parle a de grosses et larges mains. Elles ne sont pas très belles, ces mains. Elles ont aimé, elles ont caressé et elles n'ont jamais frappé, ces mains. Elles ont aussi beaucoup travaillé et lui ont toujours obéi. Aujourd'hui, il a du mal parce que l'une d'elle ne veut plus obéir justement. Il se débrouille mais il est triste car il a dû arrêter de conduire. Il a appris très tard dans sa vie et il aimait bien cela. Ses parents, eux, n'avaient jamais eu de voiture.

Le grand-père dont je vous parle n'est pas bavard, il est ce qu'on appelle un taiseux. Ses petits enfants aiment le faire raconter mais ce n'est pas toujours facile. Il faut être patient et avoir du temps. Quelques fois, ses yeux se plissent et son nez remue un peu, on sait alors qu'il va dire une plaisanterie qu'il a longuement médité. Et on rit de ce qu'il dit, mais aussi de voir son plaisir.

Aujourd'hui, c'est son anniversaire. Peut-être ses enfants, ses petits-enfants y penseront et lui téléphoneront. Il n'en dira surement rien mais cela lui fera plaisir. Et il aura un petit sourire en coin en penchant la tête. 
Le grand-père dont je vous parle est un homme calme et discret.

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2 commentaires:


  1. ah ben voilà...faut pas parler de nos papis comme ça... il me manque.... :( ..... t'as pas un kleenex?


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  2. la plume de florence11 novembre 2015 à 21:23



    Mais y penser, en parler, c'est aussi les faire revenir un peu, non ?



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