mardi 10 décembre 2013

L'accordéoniste


 Il est à peu à près 8h du soir, une fin de week-end de novembre. Dans les couloirs de la gare de Lyon les gens se pressent. Beaucoup portent un sac où traînent derrière eux une valise à roulettes. Elle attrape au vol son métro, essayant de ne pas être gagnée par la frénésie parisienne.
Un accordéoniste est en train de jouer. Elle n'aime pas tellement l'accordéon d'habitude. Mais le musicien joue bien, l'air est gai et entrainant. Cela rappelle les vieilles chansons françaises reprises il y a quelques temps. Elle sourit malgré elle. Et puis elle sent l'atmosphère changer autour d'elle. On dirait qu'il passe comme un souffle d'air dans le wagon qui chasse la torpeur indifférente des passagers. Malgré eux, la musique s'insinue, elle entre par effraction dans leur esprit et efface pour un temps la morosité des dimanches soir. Tout d'un coup nous ne sommes plus dans le métro mais à un bal musette des bords de Marne. Elle le sent, c'est presque tangible. Elle voit les visages se relâcher et les traits se détendre. Par-ci par-là, des esquisses de sourire s'amorcent.
Empêtrée dans ses bagages, elle cherche une pièce pour donner au musicien-magicien. L'homme est dans l'autre carré, alors vite, elle descend et va lui donner avant que les portes ne se referment. La rame s'en va et elle s'aperçoit alors qu'elle est en fait descendue une station trop loin. Mais, même pas énervée par son erreur, elle repart dans l'autre sens avec la musique qui continue à danser dans sa tête.
 
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samedi 7 décembre 2013

Promenade dans Paris












 
Photo fournie gracieusement par TripAdvisor
Elle marche vers la Bastille, il est 14h un dimanche et c'est la fin du marché. Il règne une activité fébrile. Non, pas fébrile en fait, car les gestes sont méthodiques et précis. Pas de temps perdu, mais le froid ambiant ne s’y prête guère non plus. Et puis, tout le monde est sur le pont, probablement depuis très tôt ce matin, et ils ont hâte d’en finir. 
Un poissonnier remet la glace dans un baril avec sa pelle. Son commis empoigne les tréteaux et les enfile sur son bras pour les porter dans le camion. On entend des claquements secs et les bruits des étals que l’on replie. Des retardataires essaient encore d’acheter quelque chose. Il y a les dernières affaires de fin de marché. Un patron gronde son apprenti car il range mal les petits artichauts violets : mis de cette manière ils vont s’abîmer et il perdra sa marchandise.


C’est un métier rude. Les mains sont abîmées et les visages rougis de façon permanente par cette vie exposée sans arrêt aux intempéries. Elle éprouve du respect envers ces gens qui travaillent si durement, et pour certains, depuis des décennies. Elle, elle ne pourrait pas.


Puis elle observe une femme qui, portant deux grands sacs en plastique, ramasse des papiers. Elle est 
moitié clodo, moitié... moitié quoi exactement ? Qu'est-on est lorsque la vie vous a réduit à trier dans les déchets d'un marché ? Elle la suit un moment pour comprendre ce qu'elle cherche puis renonce. 

 
Elle continue vers la rue Saint Antoine, traverse l’hôtel de Sully et se retrouve dans les jardins intérieurs. Quelle calme tout d’un coup ! On ne se croirait pas dans Paris. Mais c'est un peu triste aussi, dans son austérité sévère accentuée par la nudité de fin d'automne. Elle avise au fond du jardin une porte et se retrouve à sa grande surprise place des Vosges. Elle connaît mal le quartier, alors, toute heureuse d’avoir trouvé ce raccourci, elle a l’impression maintenant qu’il lui appartient un peu. Comme un lieu familier qu’on s’approprie au fil des visites.
Elle passe devant chez Carette. Tiens, elle ne se rappelait pas que c’était là. L’ambiance n’est plus la même. En terrasse les mains sont cachées dans des gants douillets et les visages protégés par des écharpes souvent en cashmere. C’est bientôt Noël et les magasins sont ouverts. Rue de Franc-Bourgeois un magasin affiche -30%. Elle suit la foule et entre, pour voir. On entre toujours pour voir, pour ne pas rater l’affaire du siècle. Mais ce ne sera pas aujourd’hui. Aujourd’hui, elle veut juste regarder. S’emplir les yeux de cette activité humaine, si différente d’un quartier à l’autre. 
Puis fatiguée, elle rentre chez elle en faisant le chemin inverse. Boulevard Richard-Lenoir, les balayeuses municipales sont au travail. Elles achèvent d’effacer les traces de l’activité intense qu’il y régnait tout à l’heure. 
 
 
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mercredi 13 novembre 2013

Deux sœurs

 Elle ne connait pas leur âge. Voulant les décrire, on parlerait peut-être de deux vieilles dames. En fait, non, pas de deux vieilles dames. Ni de deux dames âgées. Cela ne leur correspond pas. Et puis pourquoi serait-on toujours défini par rapport à son âge ? Juste de deux dames alors.
Toujours élégantes, elles n'ont pas abdiqué les couleurs. Les roses, les bleus vifs et les rouges ne leur font pas peur. Accessoires clinquants, boucles d’oreilles rutilantes et étincelantes non plus. L'ensemble est toujours de bon goût et jamais vulgaire. Alors, quand elle pense à elles, c'est en couleur, jamais en taupe ou en couleurs d'automne.

 
Mais il n'y a pas que cela. De ces deux sœurs émanent aussi une certaine joie de vivre et une indulgence paisible envers les autres. Et aujourd'hui, en cette troisième journée de la gentillesse, elle pense à elles. Car ces sœurs gaies et pimpantes et qui ont un sens de l'humour certain mais jamais méchant, sont gentilles. Pas niaises, ni Bisounours. Simplement gentilles, dans le sens de bienveillance serviable. C'est assez rafraichissant dans ce monde de cynisme de bon ton. Où le besoin faire des bons mots, de faire rire, même en faisant grincer des dents, étouffe dans l'œuf toute aspiration à la gentillesse. Pas facile de lutter et d'être simplement gentil alors.
Emmanuel Jaffelin dit dans son petit précis sur la gentillesse que c'est une « vertu chaude et caressante ». Et c'est probablement pour cela qu'elle a toujours plaisir à parler à ces deux sœurs. Après, elle se sent toujours bien.
 
À lire : Petit éloge de la gentillesse d'Emmanuel Jaffelin


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lundi 28 octobre 2013

Shunga : sex and pleasure in Japonese art













Shunga : sex and pleasure in Japanese art.  C’est le non d’une exposition du très sérieux et respectable British Museum. Une expo d’estampes japonaises.
Il faut être honnête et avouer que le désir d’aller voir l'expo relève surtout de la curiosité pure et simple et absolument pas d’un intérêt réel pour l’art japonais. Non, c’est l’occasion de découvrir enfin ce que sont ces fameuses estampes dont elle a entendu parler dans sa jeunesse.
Ce sera une grande déception.
Elle n’est décidément pas perméable à l’art japonais et encore moins leur art érotique. D’ailleurs, érotisme ou pornographie ? L’érotisme, c’est suggérer, laisser la place à l’imagination, c’est du clair obscur, du travail en filigrane. Chacun selon son histoire, son sexe, sa culture y projette ce qu’il veut. Mais où sont l’art et l’érotisme dans ces scènes crument montrées ? Difficile de voir autre chose que l’équivalent 
avant l’heure, de revues X pour samouraïs vieillissants où le seigneur est le puissant qui a tous les droits sur les plus jeunes et sur les femmes. Mais elle n'a surement rien compris et il s'agit probablement d'un malentendu culturel. Il parait que ces gravures étaient regardées et treasured par les couples mariés à qui elles procuraient un délice sensuel. Ah, oui ?! A-t-on des témoignages de Japonaises ? Ou bien ce sont les réactions des hommes que l'on a prêtées aux femmes ? 
 L’expo survole quelques siècles où elle ne voit pas grande évolution dans les dessins. Le Japon étant complètement fermé à cette époque, les artistes ne subissent pas d’influence extérieure et il semble à son œil non-éduqué que les dessins se succèdent, se ressemblant les uns aux autres (les attributs masculins restant en taille XXL). On peut naturellement évoquer la finesse des dessins, la sureté du trait, la richesse de l’or étalé sur le support, mais pour elle, cela reste du porno chic. Et l’impression que lui laisse cette exposition est exactement la même que celle quand, enfant, elle avait regardé, sous les draps et en cachette, les gros mots dans le dictionnaire. Un vague malaise. Question de culture sans doute.
Finalement son amie et elle vont découvrir la Pierre de Rosette et admirer la section égyptienne avec ses fresques du Parthénon. Impossible de repartir du British Museum sans voir cela. Ce serait comme aller au Louvre pour la première fois sans voir La Joconde ou aller au Caire sans visiter les Pyramides. 
Cela sauvera leur après-midi !

Shunga au British Museum  - Une critique du Guardian


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samedi 19 octobre 2013

Locked out - Acte II



 












Acte II - Octobre 2013
Nous sommes mi-octobre. Elle part faire des courses, ses précieuses clés à la main (elle a retenu la leçon). Lorsqu’elle revient, elle n'arrive pas à ouvrir la porte. Elle réalise alors que le problème, aujourd’hui, est qu’elle a, non pas un, mais deux trousseaux de clés : l’un dans sa main et l’autre… dans la serrure de l’autre côté de la porte. Elle encore une fois locked out !
Et les mêmes déménageurs qui étaient là en juin sont encore dans la rue ! Si, si, c’est vrai. Ils terminent la deuxième phase d’un déménagement administratif très important. Elle leur fournit ainsi l’histoire drôle de la journée. Mais heureusement, par rapport à la fois précédente, sa situation est nettement plus favorable : elle est habillée, a une voiture à disposition et un téléphone.
Après avoir retourné le problème dans tous les sens elle décide de casser un carreau. Mais les fenêtres accessibles, non munies de barreaux, donnent dans une cour intérieure vérrouillée, et appartenant à son propriétaire. Sa batterie de téléphone est presque à plat mais elle arrive à joindre celui-ci afin de pouvoir y accéder.
Et elle découvre qu'il est plus difficile qu'il n'y parait de casser un carreau délibérément. Elevée dans le respect des objets, cette dégradation volontaire et déterminée est totalement étrangère à son comportement habituel. Alors elle n'ose pas y aller franchement. Les coups sont d'abord timides puis se font plus énergiques : coups de coude, un bras enroulé dans le manteau, coups de sécateur (on prend ce qu'on trouve !) mais rien n’y fait. Finalement, des coups rageurs et de plus en plus exaspérés donnés avec un parapluie à bout ferré viennent à bout de la situation qui tourne au ridicule. Le verre vole. Elle se hisse sur la fenêtre. Elle s’enfonce un éclat de verre dans la main en grimpant, mais ouf ! Elle est enfin chez elle. Son propriétaire, un adorable vieux monsieur, lui propose de s'occuper lui-même de faire remplacer le carreau.
Mari chéri ? Oh, il n'en a rien su. Le soir elle lui cache le pansement sur la main et il ne voit pas le carton qui fait office de carreau. Jusqu'à aujourd'hui il ne sait rien de tout cela. Il le découvrira en lisant ces lignes. Mais elle est bien tranquille, cela le fera plutôt rire... juste après le traditionnel « Non, mais c'est pas vrai ! ».
Ah, ah !
 
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jeudi 17 octobre 2013

Locked out - Acte I

 
 













Acte I - Juin 2013 
  
Elle boit tranquillement son thé du matin en admirant les rayons du soleil qui éclairent sa cour. Puis elle décide d'aller regarder de plus près les fleurs qu'elle a planté la veille et sort en tirant un peu la porte derrière elle. 

Bang ! Emportée par l'élan, la porte de referme et claque d'un coup sec. Nooon ! Ca y est, cela devait arriver un jour, elle est enfermée dehors. Comme disent les Anglais avec leur concision imagée admirable, elle est locked out.
 
E
n pyjama très court et léger, pieds nus, sans clé et sans téléphone, elle est prisonnière dans la cour, entre deux portes fermées à clé, portail et entrée, par une belle matinée de juin ensoleillée. 


Hier soir elle a vu Superman au cinéma, alors des idées folles lui traversent l'esprit. Dans les films les serrures sont toujours faciles à crocheter mais elle n'a ni fil de fer, ni chewing-gum, ni rien à portée de main. Alors que faire ?  Court vêtue et pieds nus, elle se sent très vulnérable et absolument démunie. 

Elle décide de grimper sur le portail (ouch, cela fait mal !), et, faisant fi de son amour-propre, demande de l’aide à des déménageurs qui travaillent dans sa rue. Un petit homme brun, agile et serviable saute avec facilité l’obstacle et essaie de crocheter la serrure  de la porte d’entrée sans succès. Il finit par aller chercher un trousseau de clefs placé dans une cachette très compliquée à expliquer, et la délivre d’une situation bien embarrassante. 

Redevenue socialement présentable, elle apportera à son sauveur, une bouteille de champagne volée dans la cave de mari chéri. 


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vendredi 27 septembre 2013

Poivre et sel


 
















Lui, est élancé et se tient droit comme un « I ». On le sent solide et fiable. Un roc, un de ceux sur qui on peut toujours compter en cas de coup dur.
Elle, plus petite et plus délicate, donne l’impression d'avoir été quelques fois chahutée par la vie. 
Lui, est un peu rustique, mais ça et là, une pointe d’élégance classique montre qu'il sait faire preuve d’une classe folle lorsqu'il le faut.
Elle, est raffinée avec une touche d’originalité toute personnelle dans son allure. Et on perçoit tout de suite qu'elle a connu les fastes des grands jours en d'autres temps. On la sent habituée au luxe, on la devine même un peu frivole et capricieuse parfois.
Malgré leurs différences, ils forment un beau couple et tous deux ont une belle âme, taillée dans le bois le plus dur. Suprêmement élégants, ils portent toutefois ça et là quelques griffures, marques de longues années passées à servir. 
Lui est un moulin à poivre Peugeot de la fin du XIXe en bois et argent.
Elle est une salière, 
ex-moulin à poivre, devenu moulin à gros sel. Recouverte d’argent ciselé, elle est sortie des mêmes ateliers que lui quelques dizaines d'année plus tard.
Elle les a trouvés par hasard chez un collectionneur et a été tout de suite séduite par ces témoins d'un savoir faire plus que centenaire. Et leur beauté s'accordait si bien ensemble qu'elle les a emportés tel un trésor afin qu'ils reprennent du service dans sa maison de Bretagne. 
 
 
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jeudi 19 septembre 2013

Le bouquet









Le mariage précédent a du retard. Sur le parvis de l'église d'Amou, il règne une atmosphère d'effervescence joyeuse et un peu désordonnée. Les mamans sont forcément un peu nerveuses. Le temps tiendra-t-il ? Dorothée a-t-elle bien récupéré les paniers de pétales de fleurs ? Mais où est donc Alban, le témoin du marié ? On doit lui remettre sa boutonnière et il n'est pas là. Seul, le prêtre, un parent du futur marié, est imperturbable et reste serein.

L'église se vide enfin, dans une cacophonie débraillée et bruyante. Et puis, catastrophe ! On apprend que la future mariée a oublié son bouquet à la maison, à quarante cinq minutes d'ici. Pas le temps de retourner. Alors, vite, vite, une des mamans se précipite vers les fleuristes. Ils sont en train d'installer dans l'église les jolies compositions bucoliques prévues. Il va falloir improviser. Mais ce sont est de vrais professionnels. Quelques paniers sont dégarnis ça et là et un charmant bouquet est créé en quelques minutes. 

Enfin la voiture de la future mariée arrive. Ils se sont arrêtés chez le fleuriste local et ont, eux aussi, fait faire un bouquet. Vite, vite, la maman prend le ruban rouge du bouquet numéro deux. Elle le noue autour de la composition assemblée hâtivement par le fleuriste officiel. Un dernier ajustement aux plis de la robe et tout est prêt. Le prêtre leur fait signe. L'orgue entonne la musique choisie. Le futur marié entre au bras de sa mère. Un temps d'arrêt. Toutes les têtes se tournent. La future mariée sourit, elle est heureuse. Elle entre, gracieuse et élégante, au bras de son père qui, lui, est tendu comme un arc, et se dirige vers l'autel. Et elle tient fermement à la main son troisième bouquet de mariée.

calligraphie : clarencenalpas@gmail.com


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mardi 17 septembre 2013

Noces de perles


 

 


 

 

 

 

 

 

 

Il y a trente ans, souvenez-vous...

 

Ce jour-là il pleuvait mais chacun de vous épousait la perle rare dont il était amoureux...
Précieuse et difficile à obtenir, différente et unique, chaque perle a sa couleur propre et une forme tout à fait exceptionnelle. C'est ce qui fait le charme des ces trois décennies passées ensemble.
Et si les perles ne tournent pas rond parfois, l'essentiel reste bien qu'elles tournent toujours ensemble et dans la même direction.
C'était il y a trente ans... nostalgie heureuse...  


dimanche 21 juillet 2013

Un inconnu dans la nuit















Cela fait des heures qu'elle conduit et elle a hâte d'arriver chez elle. Il y a peu de monde sur l'autoroute et il est tard. Elle est un peu fatiguée. Elle s'ennuie. La radio l'agace et le même CD tourne en boucle, depuis toujours, semble-t-il. Elle accélère et double quelques voitures. Puis elle remet le régulateur. L'une des voitures qu'elle vient de doubler la dépasse à nouveau. La voiture roule un peu plus vite que la vitesse autorisée. Oh ! Pas beaucoup, juste assez pour être en infraction. 
 Elle la suit et trouve que le conducteur conduit bien. Elle décide alors de rester derrière lui, tant pis pour l'excès de vitesse. Il a peut-être un détecteur de radars. Elle ne sait pas mais elle l'espère. Ce sera son lièvre. 
 Les kilomètres défilent. Les embranchements, bretelles et raccordements se succèdent et son lièvre continue toujours dans la même direction qu'elle. C'est facile d'avoir un lièvre, on le suit, on double lorsqu'il double, on met son clignotant en même temps, l'enlève de même et on en se pose pas de question. Il faut juste regarder s'il ne vous emmène pas au Diable Vauvert, sans y prendre garde. 
 Un gros orage éclate. Il ralentit et elle aussi. Puis la route devient sèche à nouveau. Ils repartent ensemble, dans une connivence tacite. Ah ! Que c'est reposant. 
 Mais elle est enfin quasiment arrivée. Cela fait presque une heure qu'elle le suit. il n'a pas pu ne pas le remarquer. Comment remercie-t-on un inconnu qui vous aide malgré lui ? On sait bien manifester sa mauvaise humeur par des coups de klaxon rageurs mais il n'y a pas vraiment de convention dans ces cas là. Il fait presque nuit et elle se décide pour un appel de phares juste avant de prendre la bretelle d'autoroute. À son grand plaisir, l'inconnu lui répond en activant ses feux stop
 Elle ne saura jamais qui c'était, si c'était un homme ou une femme, s'il était vieux ou jeune. Juste qu'il conduisait bien une voiture noire, une Volkswagen et qu'il lui a servi de guide à la fin d'un long voyage.
 
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samedi 13 juillet 2013

Sur le bateau, portraits.














Une jeune fille est assise quelques bancs plus loin, sur le pont. Elle s'offre au soleil. Ils quittent le port et le vent se lève un peu. La jeune fille sort alors une écharpe légère de son sac. Une de ces écharpes qui sont un souffle de tulle et n'existent que pour ajouter la petite touche subtile à sa tenue. La jeune fille n'arrive pas à se décider : un tour, deux tours, trois tours autour du cou ? Elle fait trois tours avec un nœud savant. Non, cela ne va pas, ce sera deux tours finalement, avec les pans qui flottent au vent. Elle n'a pas vu que l'étiquette blanche de l'écharpe dénote de façon presque obscène dans ce savant montage. Elle se passe la main dans les cheveux. On dirait une publicité pour Frank Provost ou Pantène. Ses cheveux sont magnifiques, brillants et souples. Ils tombent en cascade et glissent dans ses doigts. Visiblement elle voyage seule et s'ennuie. Elle tournicote une mèche avec un doigt et s'occupe en pianotant sur son portable. La jeune fille est très jolie et le sait, et il y a un petit « je ne sais quoi » de trop pensé, un manque de spontanéité qui gâche le tableau. Elle prend une pose étudiée, le dos bien droit et la main sous le menton pour mettre en valeur son profil qui est parfait. C'est le Sphinx qui regarde au loin l'Atlantique. 

 Plus loin une famille Le Quesnoy* profite des joies de la traversée. La maman, cotillon simple et souliers plats, les prend en photo à tour de rôle. Le petit troisième, un beau petit garçon de quatre ans, prend la pose et mimique son grand frère en tous points. 

 Devant elle, une jeune femme assez lourde et un peu vulgaire, avec ses deux petites filles. Le grand-père, pipe et catogan gris, un peu soixante-huitard attardé, les accompagne. Des cheveux gris frisotent autour de la tête et refusent la discipline. Les petites filles ont un air dépenaillé et vaguement sale. Elles courent pieds nus sur le pont. La plus jeune possède un visage déjà très individualisé. Rousse avec une grande bouche, elle sera probablement une adolescente assez disgracieuse mais aura plus tard, si elle évite l'écueil de la vulgarité, un visage sur lequel on se retournera. Aucune annonce ici de la joliesse de la jeune fille au foulard, mais l'amorce d'un visage à la Jeanne Moreau ou à la Fanny Ardent. Un visage typé et qui ne répond à aucun des canons de beauté classique. 

 La famille Le Quesnois se prépare au débarquement. Tout le monde remet son sweat Gap et maman leur donne un petit goûter sous l'œil attendri des voisins. L'autre maman et les fillettes descendent vers la sortie. Le Sphinx a disparu, la femme ne la trouvera pas à son grand dépit car elle était curieuse d'en savoir plus : quelle était sa silhouette ? qui l'attendait ? Elle la cherchera des yeux sur le quai mais la jeune fille gardera son mystère et elle ne la reverra pas.
 
*La vie est un long fleuve fleuve tranquille  


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lundi 1 juillet 2013

Chouchou...

chouchou

Crédit photo Metin Demiralay


Et ils disent tous : « Lui, c'est le chouchou. »
Non, ce n'est pas le chouchou mais il est son premier enfant. 
Il est le premier à lui dire maman. 
Il est le premier à tomber de vélo et à lui faire peur. 
Il est le premier à la faire sourire, à la faire rire et parfois pleurer. 
Il est premier aussi qu'elle laisse à la porte de la maternelle, le premier à avoir son bac, à partir en prépa et maintenant il est le premier à se marier. 
Non, ce n'est pas le chouchou mais il est l'aîné, et il est le premier pour tout. 

La première, elle l'est longtemps pour lui. Mais cela, c'était avant, avant Marie, sa femme. Et aujourd'hui la première, c'est elle, et c'est bien. 

Alors ? Maintenant, elle a deux chouchous ?!...



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lundi 6 mai 2013

Flic-flac !

 

histoires_ss_paroles.jpg

 

 

Ah ! Le joli mois de mai... Flic-flac ! Il pleut, c’est la fête à la grenouille... Plaff dans les flaques suivi d’un clic-clac puis d’un glou-glou... 

 Vous avez le moral en berne ? Les baskets qui clapotent et le cerveau qui gondole d’humidité ? Pfff ! Ne vous laissez pas gagner par la morosité ambiante. On se moque des ploufs ! dans l'eau. Encore plus des plaff ! dans les flaques. 

 Retrouvez les waouh ! triomphants et les ha ! ha ! ha ! du rire ou les oh ! de la surprise. N'oubliez pas les ouf ! des grands soulagements ni les tralalalalère ! chantés à tue-tête. Et renouez avec les hummhm ! du bonheur et pourquoi pas ? les ffouffff de la volupté. 

 Flic-flac ! Il pleut, c'est la fête à la grenouille. Demain, il fera beau.

 

Illustration : Sans paroles

 

 

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vendredi 26 avril 2013

Ha, non... trop, c'est trop !... ou une petite révolte gustative

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Après le cupcake, il parait que c'est au tour du wedding cake d'arriver en France.
Alors là, moi, je dis non, non et non ! Et au risque de paraphraser une phrase célèbre, je vous dis
même : « Indignez-vous ! »

Oui, révoltez-vous devant cette opération de marketing packagé de main de maître, cette incursion frauduleuse et sournoise dans nos assiettes. Nous avons toléré patiemment les cupcakes, bons à animer les goûters d’enfants, amusants gribouillages, ersatz de pâtisserie, packagés et marketés avec brio. Ils ont envahi les livres de recettes, le net et la blogosphère. C’était drôle, coloré et cela n’avait pas trop de prétentions.
Mais maintenant c’est un super-cupcake qui menace nos pâtisseries. Car le cupcake et le wedding cake sont tous les deux faits sur le même principe : un sponge cake (une sorte de génoise) recouvert d'un épais glaçage (ultra light !) fait de beurre (margarine dans la version bon marché), sucre glace et eau, plus éventuellement un parfum. Et on veut nous faire croire que cette chose peut rivaliser avec les exquises pâtisseries françaises ?! Tss. tss... soyons sérieux ! 

 En fait l'intérêt des ces monstruosités gustatives est autre. Si vous êtes un esthète vous apprécierez les décorations  extravagantes qu'on peut faire avec le glaçage, fleurs, oiseaux, berceau, terrain de foot... tout dépend des qualités artistiques de l'auteur du décor. Ce sera alors un joli produit, original et unique, un peu kitsch, mais, non, non et mille fois non ce ne sera pas un gâteau. Cela s'en approchera autant que la bourrée auvergnate du ballet de Gisèle ou que la Lettre à Élise joué par votre neveu sur son piano-jouet d'un récital de Glen Gould. 

 Car il faut quand même garder à l'esprit que les cupcakes et les wedding cakes viennent tout droit d'outre Atlantique. Et si nos amis américains sont très compétents dans beaucoup de domaines (notamment le marketing), l'art culinaire n'est pas vraiment dans leur point fort. Oui, je vous l'accorde, lorsqu'on est chez eux, on aime le cheese cake ou les cookie au peanuts butter, cela fait partie des découvertes et des joies des voyages, mais sacrebleu, quand il s'agit de réelle pâtisserie, à chacun ses compétences ! Alors résistez aux sirènes de la mode et du marketing outrancier et allez donc voir du côté des livres de cuisine d'Anne-Sophie Pic, consultez les assiettes gourmandes de Chantal ou la cuisine de Marcotte ou lancez-vous dans le délicieux et aérien fraisier de L'atelier des Chefs. Ou alors, si n'avez pas confiance en vos talents, arrêtez-vous chez votre pâtissier local et noooon...ne lui demandez pas un cupcake, malheureux ! 

 Bon, allez, c'est tentant, alors je vous autorise à goûter une fois un wedding cake si vous en avez l'occasion... mais n'y revenez pas !



Illustration : Astérix, pas content du tout ! de Carole, le bonheur est dans l'assiette 


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dimanche 17 mars 2013

Le livre abandonné

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Elle vient de finir son livre. Il l'a accompagné partout, le soir avant de s'endormir, dans le TGV et maintenant dans le métro. Elle l'avait déjà lu mais a pris plaisir à le retrouver. Mais voilà, maintenant, elle ne sait qu'en faire. Il est un peu volumineux et prend trop de place dans son sac. Elle ne veut pas le jeter et décide alors de l'abandonner.

Elle attend sa rame sur le quai. Elle le pose sur le siège vide à côté d'elle. Elle le pousse et l'écarte un peu pour qu'on ne croit pas qu'il est à elle. Déjà elle le renie.

Les gens se lèvent. Elle aussi. Le livre reste là. Alors qu'elle attend la fermeture des portes, elle voit une femme ralentir, le regarder et repartir. Elle est sur le point d'aller le récupérer et puis les portes se referment. La rame s'ébranlei. Elle ne le quitte pas des yeux, là-bas, petit point bleu qui diminue sur le siège orange. Elle est un peu mal à l'aise. Elle a l'impression d'abandonner un ami et de le laisser tomber parce qu'il ne sert plus à rien. Et puis elle se secoue et se dit qu'il fera le bonheur d'un autre lecteur.

 

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jeudi 21 février 2013

La goutte d'eau

goutte1bis.jpg

  Une goutte d'eau se forme à la commissure de la lèvre. Elle grossit, hésite et finalement commence une lente descente vers le menton. Prisonnière sur le fauteuil du dentiste, impuissante, la femme ne peut la chasser.

  Elle la chatouille. Mais elle la distrait aussi des agissements du dentiste. Le frôlement de la goutte est insupportable, comme une petite mouche qui agiterait ses fines pattes sur la peau. Elle hésite à lever la main pour effacer l'importune. Elle risque de heurter le plateau et, dans l'espace encombré, de bousculer les instruments. La goutte atteint la ligne de la mâchoire et dévale gentiment le long de son cou. Une deuxième importune s'est formée sur la joue et suit le chemin de la première. Les frôlements deviennent infernaux mais elle résiste. Puis elle se décide. Et alors qu'elle va lever la main, les doigts du dentiste écrasent la deuxième importune et font cesser une partie de son tourment. Après l'aspersion glacée de l'hydropropulseur-éclabousseur, les doigts du dentiste sont doux et chauds sur la peau.

  La première goutte s'est perdue dans le col de son pull de laine. Le tourment est terminé. 

 « Mordez ! » Ignorant des divagations de sa patiente, le dentiste continue son office. Distraite, elle ne l'entend pas. « Mordez ! » répète-t-il à nouveau.


 

 

 

 

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vendredi 1 février 2013

La vieille mendiante

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Il a gelé cette nuit. Elle s'est bien emmitouflée mais malgré le manteau, l'écharpe et les gants, elle a froid. 

Devant les portes du marché couvert, une vieille femme tend la main. Un fichu sur la tête, un manteau gris râpé sur le dos, elle est assise sur les pavés glacés. Les gens passent sans trop la voir. Ils ne le font pas forcément exprès. On s'habitue et on devient si vite indifférent à la misère. Il y en a de plus en plus dans la rue et on ne sait jamais ce qu'il faut faire. Ces mendiants ne vont-ils pas aller boire les quelques euros qu'on leur donne ? Font-ils partie de ces bandes de tziganes à la mendicité organisée ? Et puis, s'ils sont jeunes, on se dit qu'ils pourraient travailler.

Mais, cette femme, là, aujourd'hui n'a certainement pas choisi d'être dans la rue par ce froid glacial. Femme, étrangère et vieille, elle ne profite sûrement pas du système. Laissée pour compte de notre monde difficile fait pour les battants, elle a échoué là et son niveau d'exigence de la vie est maintenant proche de zéro.

Il fait vraiment très froid et elle va chercher à la mendiante un chocolat chaud. Lorsqu'elle ressort du marché, après ses courses, la vieille femme la reconnaît. Elle a essayé de passer vite car elle ne sait pas quoi faire. Puis elle entend « manger ». Alors elle va lui acheter quelque chose de chaud à la boulangerie proche. Elle lui dit quelques mots avant de repartir bien vite se réchauffer.

Elle se console de son impuissance en se disant qu'elle a peut-être procuré à cette pauvre vieille quelques minutes de bien-être dans la journée. Elle passe devant un arabe en djellaba blanche qui psalmodie à genoux des « as-salam 'alëkums » et puis aussi devant une autre vieille femme en noir qui tend la main courbée vers le sol.
Elle ne s'arrête plus et rentre chez elle.

Photo du blog de Mina, taillée pour faire la manche ou qui en moi mendie ?

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jeudi 24 janvier 2013

Le conduite en double ou le passager participatif

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Un jour, votre compagnon, mari, frère ou simplement un de vos amis est dans l'impossibilité de conduire. Ses lunettes sont cassées ou il a la jambe dans le plâtre, peu importe. Mais le fait est qu'il quitte pour un moment l'état de conducteur pour celui de passager. Et vous découvrez alors qu'il appartient à cette catégorie bien spéciale de « passager participatif », que nous appellerons PP pour la commodité de l'histoire.

Le PP est incapable de rester passif,  il vous « aide » et conduit avec vous. Il passe les intersections avec vous, il se retourne pour faire les manœuvres en même temps que vous (en vous indiquant comment les faire), il double avec vous et de temps en temps il écrase une pédale de frein virtuelle (car vous n'avez forcément pas vu la voiture qui venait à droite).

 A sa décharge, il faut savoir que le PP n'est absolument pas conscient de son comportement. Là, il vous « aide ». Personne charmante et habituellement pourvue d'empathie, il se transforme totalement lorsqu'il passe de l'état de conducteur à passager. 

Quant à vous, conducteur qui a depuis des décennies son permis et ne conduit pas plus mal qu'un autre, vous voilà revenu au temps de vos premières armes. Un peu comme lors de vos premières sorties, lorsque vous conduisiez pour la première fois vos parents.
Deux réactions sont alors possibles. 
Soit vous vous en moquez royalement et ne tenez aucun compte de l'attitude du PP.
Soit, déstabilisé, et c'est le cas de l'impétrant qui nous occupe, vous conduisez de plus en plus mal, finissant par mériter la défiance naturelle et instinctive de votre PP. Et d'ailleurs parfois vous vous vengez sans le vouloir. Comme, lorsque de peur d'être mentalement taxé d'imprudent, vous n'osez doubler cette file de voiture avec son puissant bolide et vous vous trainez derrière jusqu'à la quatre voies libératrice.

Heureusement, un élément vient souvent à votre secours : le portable. Votre PP étant un homme occupé, il passe quelques coups de fil salvateurs qui vous permettent de respirer un peu et de conduire à nouveau normalement.

Le comble est qu'à la fin du trajet, il vous déclarera innocemment en descendant de voiture : « Finalement, c'est bien agréable d'être conduit. Je m'y habituerais facilement ! »

L'inconscient !

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lundi 7 janvier 2013

Sydney. Dernier jour, arrêt sur images

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Paris, au Train Bleu, à la gare de Lyon. Elle attend son train pour rentrer chez elle. Fin du voyage. Elle pense à sa dernière journée en Australie. Avant-hier, si proche et déja si loin. Quelques arrêts sur images.

 Un petit déjeuner au pied de l'opéra de Sydney. Elle est avec mari chéri et ses deux aînés. Il fait déjà très chaud et il n'est que dix heures. Café et banana bread au menu. Leurs voisins brunchent ou déjeunent avec du vin pétillant et des hamburgers faits de bacon et de deux oeufs pochés. La vue est fabuleuse. Il ne faut pas penser au retour.

Deux jolies dames élégantes qui posent pour une photo. En toile de fond, la baie de Sydney. L'un de ses fils se précipite, met le bras autour des épaules de l'une des dames et prend la pose. Cela fait rire les femmes ainsi que les quatre jeunes filles qui les accompagnent. La photo est prise. À l'autre bout du monde, quelque part dans un album, cette photo rappellera ce moment et ces rires partagés avec des inconnus. Et tout le monde demandera à la dame : « Mais qui est ce garçon qui te tient par les épaules ? »

Darling harbour transformé en baignoire géante. Darling harbour est l'un des nombreux bassins plus ou moins grands du port de Sydney. C'est assez touristique et bordé de très nombreux restaurants. Ce soir, les caprices d'un artiste facétieux l'on transformé en baignoire géante : un gigantesque canard jaune en plastique gonflable est posé sur l'eau. L'artiste potache s'appelle FLorentijin Hofman et est hollandais.

Et pour finir, le feu d'artifice sorti de nulle part et tiré à Darling Harbour un 5 janvier, sans raison apparente. Cerise sur ce merveilleux Christmas pudding que fut cette parenthèse australienne et néo-zélandaise.

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jeudi 3 janvier 2013

Nouvelle Zélande. Kawhia, beau et laid à la fois

 

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C'est un petit port à l'air endormi et oublié. On y arrive par une route unique à lacets qui rend son accès plus difficile. Le lieu se mérite. La groupement de maisons que l’on peut à peine appeler village est situé au bord d'une anse immense dont on a peine à voir l'entrée tellement elle est grande. On devine juste de quel côté doit être la mer. Le paysage tourmenté est à faire rêver tout amateur de vue panoramique.

C’est le matin et sur le ponton de bois des pêcheurs sont déjà installés. Il pleut un peu par moment mais il fait plutôt chaud. Une famille arrive avec deux petits enfants et des canes à pêche, Cela semble être l’une des activités favorites du coin. Le sable est noir car la Nouvelle-Zélande est volcanique. Mais aujourd’hui, mouillé, il est encore plus noir que d’habitude.

L’ensemble est beau et laid à la fois.

Ils vont prendre un café dans le coffee shop du port. Chez les Kiwis comme chez leurs voisins australiens, il faut vraiment savoir ce qu’on veut lorsque l’on commande un banal café. Ils ont décliné le produit à l’infini : short black, long black, moccacino, cappucino. flat white, chaï latte, latte, lait écrémé, lait de soja... Expresso n’est pas toujours le mot magique pour se faire comprendre.

Des locaux sont en train de prendre un solide petit déjeuner : œuf, bacon, etc.  Une voile est accrochée au plafond et divers objets ayant trait à la mer sont fixés au mur sur un filet de pêche. Un canapé en tissu, profond et confortable, donne envie de s’y installer. L’ambiance est chaleureuse et agréable. Un peu kitsch, mais s’y sent bien. Un petit garçon fait rouler sa voiture sur le parquet. La femme regarde celui-ci et se dit qu’il serait beau dans sa maison de Bretagne. Mais l’architecte d’intérieur qui la conseille est déjà au bord de la folie avec ses choix de parquet alors elle renonce à se renseigner.

En attendant sa commande elle va jeter un œil sur la boutique d’artisanat en face. Des sculptures en bois flottés et divers petits objets lui plaisent mais les valises sont déjà pleines. La moitié du magasin est en fait une brocante, un marché aux puces. Les trois maoris qui discutent dans un coin bien installés dans des fauteuils ne semblent pas très concernés par la visite d’acheteurs potentiels.

Ils quittent ce petit port à l’écart et oublié du temps. L’avion, lui, est au XXIe siècle et ne les attendra pas.

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